« Le menteur d’Abidjan » n’organisera pas son hold up électoral en vase clos. Loin des regards de la communauté internationale, en dehors de la CEDEAO complaisante. Un bloc solide est en train de se constituer pour empêcher son passage en force. Ce bloc est composé des trois candidats validés par le Conseil constitutionnel, mais aussi, de tous les autres recalés dont l’ancien président, Laurent Gbagbo, l’ancien premier ministre, Guillaume Soro, les anciens ministres, Albert Mabri Toikeusse et Amon Tanoh. Voyant le mauvais chemin que prend le processus électoral dans le pays, la communauté internationale commence à se faire entendre. C’est ainsi que l’Union européenne a fait part de son inquiétude, ce vendredi, 18 septembre, dans un communiqué qui demande au président, Alassane Ouattara, de bien vouloir faciliter une élection inclusive et transparente.
Voici le communiqué de l’Union européenne :
« Dans le cadre du processus électoral en cours, l’Union européenne (UE) rappelle son attachement aux principes d’inclusivité, de liberté d’expression, de transparence, de respect de l’état de droit et des éventuels mécanismes indépendants d’observation, nécessaires pour assurer un scrutin aux résultats crédibles et acceptés par tous.
L’UE déplore les violences et affrontements survenus ces dernières semaines, qui ont fait plusieurs victimes, et appelle les autorités à mener des enquêtes afin d’en poursuivre les auteurs.
Elle appelle également au respect des libertés publiques, notamment, le droit pour chaque citoyen de manifester pacifiquement, dans le cadre prévu par la loi, sans être inquiété, et d’exprimer des opinions politiques sans être arrêté ou emprisonné.
L’UE prend acte de la décision du Conseil constitutionnel, ce 14 septembre, relative aux candidatures retenues pour l’élection présidentielle. S’il ne lui revient pas de se prononcer à ce sujet, l’UE rappelle qu’il est de la responsabilité première des autorités et institutions ivoiriennes compétentes de garantir un processus électoral impartial, transparent, inclusif et équitable, emportant l’adhésion des citoyens.
Elle note les différentes procédures ouvertes auprès de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) relativement au processus électoral et rappelle son attachement au respect de la justice internationale.
L’UE appelle l’ensemble de la classe politique et de la société civile, ainsi que, les administrations concernées, à dialoguer et à s’engager de manière responsable, constructive et pacifique et faire en sorte que ce processus électoral puisse consolider durablement la réconciliation entre tous les Ivoiriens.
Elle encourage aussi les autorités à prendre l’initiative pour contribuer à cet apaisement du climat politique.
En tant que partenaire historique de la Côte d’Ivoire, l’UE continuera à accompagner et soutenir le pays dans ce processus, avec tous les acteurs concernés » (sur notre photo, les deux principales têtes de l’exécutif de l’UE, à savoir, les présidents de la Commission Ursula von der Leyen et du Conseil européen Charles Michel).
Fait à Bruxelles, le 18 septembre 2020
General Secretariat of the Council
La situation politique est explosive en Côte d’Ivoire. Il suffit d’une étincelle pour tout faire sauter. C’est dans ce contexte que le président du PDCI, Henri Konan Bédié, a lancé des consultations entre tous les candidats de l’opposition (recalés ou non) afin d’arrêter une position commune contre la « forfaiture » et la « dictature » du « menteur d’Abidjan ».
D’autre part, Guillaume Soro, de son côté, va se rendre, dans les prochains jours, à Abuja, pour rencontrer le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, qui a mis en garde les présidents de l’Afrique de l’Ouest, au Sommet de la CEDEAO, à Niamey, contre la tentation du 3e mandat. Par la suite, l’opposition, comme un seul homme, demandera, officiellement, l’intervention de cette même CEDEAO dans le dossier électoral en Côte d’Ivoire. Avec les objectifs simples : le retrait de la candidature du « menteur d’Abidjan » (après deux mandats, il ne peut plus se représenter). D’autre part, la remise à plat de la CEI nationale et des CEI locales, et leur recomposition. La révision de fond en comble du fonctionnement du Conseil constitutionnel pour qu’il ne soit plus une institution aux ordres de Ouattara. Enfin, la CEDEAO devra oeuvrer afin que l’élection présidentielle soit transparente et inclusive en permettant aux candidats qui répondent aux critères établis par la loi électorale, de participer et non selon le bon vouloir du « menteur d’Abidjan ».
Si les choses ne se passent pas de cette façon apaisée, alors, on devrait craindre pour la Côte d’Ivoire car les uns et les autres jurent qu’il n’y aurait pas d’élection dans le pays. Ouattara n’a qu’à bien se tenir.
Le RHDP ayant connu la défection du PDCI (sa plus grande composante), de l’UDPCI, des Soroïstes, du Mouvement des forces d’avenir et de l’Union pour la Côte d’Ivoire, il n’est composé, actuellement, que du seul RDR, le parti d’origine du « menteur d’Abidjan ».
Que représente le RDR dans l’échiquier politique ivoirien ? Pas grand-chose. C’est pour cette raison que les analystes politiques ivoiriens pensent que si à ces partis politiques ayant quitté le RHDP, on ajoute le FPI, le candidat Ouattara pourrait ne pas recueillir 20% des voix le 31 octobre, s’il était admis à prendre part à cette élection. On dit bien « s’il était admis » car sa participation à cette élection n’est pas à l’ordre du jour. Qu’on se souvienne que pour les ténors de l’opposition comme Bédié et Soro, il n’est pas question que « le menteur d’Abidjan » prenne part à cette élection : il a déjà effectué ses deux mandats à la tête de l’Etat. Qu’il laisse la place à quelqu’un d’autre.