Un échec de la communauté internationale à intervenir sur la crise au Burundi pourrait aboutir à de « nouvelles atrocités de masse » et même déboucher sur un conflit régional majeur, a mis en garde, mardi, 15 septembre, un expert des Nations-Unies.
Pablo de Greiff, expert pour les droits de l’Homme, a estimé que le pays, qui traverse une crise politique majeure liée à la réélection du président, Pierre Nkurunziza, pour un troisième mandat, a « tourné le dos » aux règles du droit et de la loi.
« Je tire la sonnette d’alarme pour dire que la communauté internationale, y compris les organisations régionales et internationales, ne peuvent se permettre d’attendre que de nouvelles atrocités de masse reprennent », a-t-il dit mardi, devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations-Unies, à Genève, après une brève visite au Burundi.
« Il y a le risque d’un conflit majeur dans la région des Grands Lacs, dont personne ne peut prédire les proportions », a averti Pablo de Greiff, rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition.
La candidature, fin avril, du président Nkurunziza a plongé le Burundi dans une grave crise, marquée par des manifestations étouffées par une sanglante répression, et par une tentative déjouée de coup d’état militaire. La communauté internationale, surtout, les grands pays (Etats-Unis, France, Belgique) ont laissé faire, donnant un très mauvais signal à tous les dictateurs qui cherchent, comme Nkurunziza, à se maintenir pouvoir. C’est le cas de Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville notamment.
Les violences continuent avec des attaques nocturnes contre la police et des assassinats ciblés, et font craindre des violences à grande échelle, 10 ans après la fin d’une guerre civile, qui fit 300.000 morts entre 1993 et 2006.
Le pays se trouve au coeur de la région des Grands Lacs, à l’histoire marquée notamment par le génocide des Tutsi au Rwanda voisin en 1994.
De même, c’est dans les régions voisines des Kivus, dans l’Est de République démocratique du Congo, que débutèrent les guerres de 1996-1997 et 1998-2003, qui ont impliqué jusqu’à sept pays africains sur le sol congolais.
Avec AFP