Depuis qu’il est rentré de Miami, le dictateur fait profil bas. Après avoir humilié le Congo-Brazzaville et l’Afrique toute entière, lors d’un périple qu’il avait commencé à New York, poursuivi à Washington, et terminé à Miami, il a pris son courage à deux mains pour retrouver sa terre natale où il rase, désormais, les murs dans son propre palais. Toute honte bue. Pour sonder ses ministres et observer leurs mines, il a convoqué un conseil des ministres… le 31 décembre. Un samedi de surcroît veille de la Saint-Sylvestre. Tant pis pour les ministres qui avaient prévu d’être hors de Brazzaville. Le dictateur avait averti qu’il ne tolérerait aucune absence. En tout et pour tout, deux ministres sont intervenus, ceux des Finances et de la Justice. Durée des salamalecs : à peine 1h30. Ne pouvait-il pas attendre la première semaine de janvier ?
En réalité, le dictateur voulait sonder ses ministres, à travers leur regard, leurs gestes, et puis, il voulait parler, dire quelque chose, se justifier sur son gros raté de Miami. Pour contredire ceux qui allaient parler de conseil des ministres inutile, il a lancé le slogan de « Rigueur et Vérité en 2017 ». Voilà le nouveau programme du dictateur pour cette année !
Pourtant rien ne va plus. C’est comme si le monde s’écroulait sous ses pieds. En effet, son Falcon 7X loué chez Equajet, la société de location d’avions que dirige son ami français, Regourd, est cloué au sol, en France, depuis plusieurs semaines, pour défaut de paiement de la révision. A cela s’ajoute les frais de stationnement qui ne sont pas non plus payés. Une rumeur avait couru, tôt ce matin, sur la saisie de cet avion par un cabinet d’avocats. Il n’y a pas de saisie en vue de cet avion. Pour la simple raison que Sassou se sachant très mauvais payeur, qui traîne des ardoises partout, partout, partout, il est obligé de faire des acrobaties pour déjouer la vigilance de ses créanciers. Pour préserver ses avions, par exemple, il a préféré les confier à des sociétés de location au sein desquelles il détient d’importantes parts. C’est le cas d’Equajet à Brazzaville qui a loué (son) propre Falcon 7X à lui-même Sassou, et qui est, donc, insaisissable par les huissiers de justice car, au regard des papiers, l’avion appartient à Regourd. C’est aussi le cas pour la société Equaflight de Pointe Noire, toujours, dirigée par le même Regourd, avec comme actionnaire principal Sassou-Nguesso (ou son prête-nom), et qui exploite, notamment, son Falcon 50 que les pétroliers utilisent régulièrement, pour leurs escapades.
Depuis ce rendez-vous manqué aux Etats-Unis, le torchon brûle, sérieusement, entre le ministre d’Etat directeur de Cabinet du président de la République, Firmin Ayessa (beau-père du dictateur) et sa collaboratrice et fille du dictateur, Claudia Lemboumba Lepandou née Ikia Sassou-Nguesso et non moins conseillère en communication de son père, au sein du cabinet d’Ayessa. Mais, hier, Coco (pour les intimes) a poussé son insolence à son paroxysme en traitant son patron, Ayessa, de sous-marin du général, Jean Marie Michel Mokoko. C’est la goutte d’eau qui a failli faire déborder le vase. N’eût été l’intervention énergique de Gilbert Ondongo, Firmin allait jeter l’éponge.