L’internationalisation de la prestigieuse école française, Sciences Po (Paris), se poursuit, avec l’inauguration, lundi, 19 février, dans la capitale kényane, Nairobi, de son premier bureau en Afrique. Objectif : marquer sa volonté de faire du continent noir l’un des axes prioritaires de son développement international dans les années à venir. 68 ans après les indépendances, on a besoin de dire : Mieux vaut tard que jamais jamais…
Science Po disposait, déjà, de bureaux de représentation à Pékin, Bombay, New Delhi, Singapour et New York. Avec Nairobi, elle devient la première université française à ouvrir un bureau en Afrique anglophone.
« Nous sommes fiers d’être une université française, une université européenne, mais, nous ne sommes pas seulement une université francophone, nous sommes une université bilingue », a expliqué Vanessa Scherrer, directrice déléguée aux Affaires internationales de Sciences Po, pour justifier ce choix de s’implanter en terre anglophone.
Près de la moitié des 13.000 étudiants de Sciences Po sont étrangers, issus de 150 pays, dont plus de 600 venant d’Afrique. L’école a noué des partenariats avec 29 universités sur le continent.
« Pour nous c’est un accélérateur », a estimé Vanessa Scherrer. « Nous espérons qu’il y aura un effet multiplicateur de ce que nous pouvons faire en Afrique », grâce à la place de Nairobi comme « plaque tournante en l’Afrique de l’Est, mais aussi, plus globalement en Afrique ».
« C’est dans cette région d’Afrique où nous pensons que la compétition pour un enseignement de haut niveau, pour les esprits les plus fins, pour les meilleurs étudiants, aura lieu dans les dix prochaines années », a-t-elle ajouté.
Ce bureau aura, entre autres, pour objectif, de favoriser de nouveaux partenariats avec des universités africaines, et d’encourager les étudiants africains à tenter d’intégrer Sciences Po.
« Nous voulons développer la marque Sciences Po, faire connaître Sciences Po et faire prendre conscience de la qualité de Sciences Po en Afrique », a, encore, expliqué Vanessa Scherrer.
« Il ne s’agit pas du bureau kényan de Sciences Po, mais bien du bureau africain de Sciences Po. Notre stratégie en Afrique est globale », a-t-elle insisté.
La France a perdu la pole position qu’elle occupait dans le domaine de l’attrait de son enseignement supérieur auprès des étudiants africains, à cause, entre autres, des problèmes de visa. A force de refuser les visas aux candidats africains aux études en France, ceux-ci se sont, progressivement, orientés vers le Canada (surtout le Québec où on parle le français et qui compte de très bonnes universités), mais aussi, vers les Etats-Unis où les universités, plus accueillantes, s’ouvrent aux études africaines, créant même, parfois, des départements sur l’Afrique.
Depuis qu’elle est devenue le principal partenaire économique et commercial de l’Afrique, la Chine a vu son intérêt de s’y maintenir culturellement. C’est ainsi que les institut Conficius commencent à être implantés dans les universités africaines tandis que le nombre de boursiers africains en Chine ne cesse d’augmenter. Pékin est conscient du retard accumulé qu’il essaie de rattraper.
Si, malgré des relations très poussées dans le domaine de la culture entre l’Afrique et la France, cette dernière a mis 68 ans, après les indépendances, avant d’ouvrir son premier bureau en Afrique (Kenya), ce qu’elle a, déjà, fait en Chine, en Inde, à Singapour et aux Etats-Unis, le seul commentaire à faire, est « Mieux vaut tard que jamais ». Mais que de retard à combler car, aujourd’hui, en Afrique, non seulement, l’image de la France (à cause des questions politiques) est très mauvaise, mais, sa fermeture à cause de sa politique d’immigration restrictive ne facilite plus les échanges et les contacts, comme, il y a une vingtaine d’années.