OBAMA EN AFRIQUE: Encore un voyage pour rien ?

Date

Comme ils savent le faire, les Américains annoncent le voyage du président, Barack Obama, ce mois de juillet, en Afrique, avec tambour et trompette. Comme si on allait voir ce qu’on va voir. Depuis, bientôt, huit ans qu’il trône dans le Bureau Ovale, c’est la quatrième fois que Barack Obama va fouler le sol du continent de ses ancêtres paternels. Ses trois précédents séjours n’ayant pas marqué les Africains, le moins du monde, ils ont été effacés, très rapidement, de la mémoire collective. Le quatrième voyage se fera sous forme d’adieu, comme s’il avait su dire « Bonjour » en arrivant. Mais passons.

Comparaison n’est pas peut-être pas raison. C’est tout simplement vrai que quand le président chinois, Xi Jinping, ou son premier ministre, Li Keqiang, se déplace, en Afrique, c’est un véritable événement. Même les cadavres se réveillent de leur profond sommeil. Venant, toujours, avec les poches pleines, ils savent annoncer la construction des infrastructures, de toutes sortes, sans lesquelles, il n’y a pas de développement. « Si quelqu’un t’aime, il t’aide à construire une route » pour voyager et écouler tes marchandises, dit un proverbe chinois. Barack Obama, lui, vient donner des cours de morale et de démocratie, avec les poches trouées. Ce n’est pas à Afrique Education qu’on lui jettera la pierre. Mais quand même…

Pour avoir fait ses deux mandats constitutionnels, Barack Obama, va quitter, bientôt, la Maison Blanche, pour redevenir un simple citoyen. Malgré le sang kenyan qui coule dans ses veines, il ne va pas laisser son empreinte en Afrique, contrairement à ses prédécesseurs. Georges W. Bush, le belliqueux mais efficace président républicain, avait jeté son dévolu sur le sida en Afrique, de façon fort admirable, tandis que le démocrate, Bill Clinton, n’a pas mal vu avec son Agoa, qui permet l’accès sans taxes des produits africains sur le marché américain. Barack Obama, lui, s’est borné à nous dire que « l’Afrique n’avait pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ». C’est comme s’il inventait le fil à couper le beurre. Je parie que si c’est Hillary Clinton qui avait été présidente des Etats- Unis à la place de Barack Obama, les relations afro-américaines s’en seraient mieux portées. Grâce au réalisme politique froid de cette Grande Femme, notre petit dictateur bien aimé, le colonel Kadhafi, serait encore en vie, pour la stabilité de la Libye et de la zone sahélo-sahélienne.

Première puissance mondiale sur le plan diplomatique et militaire (les Chinois ont ravi le leadership économique), les Etats-Unis sont en train de boire la tasse au Burundi. Pendant trois ans, Barack Obama a payé un envoyé spécial permanent en la personne de Russ Feingold, pour s’occuper des pays des Grands Lacs, mais les résultats obtenus sont aussi minables que l’absence de vision d’Obama sur l’Afrique. La situation qui prévaut, aujourd’hui, au Burundi, montre l’échec de la « mission » de Feingold. Voilà un petit dictateur d’une cinquantaine d’années, Pierre Nkurunziza, qui tourne en bourrique, les Etats-Unis d’Amérique.

A son retour de Kigali, en avril 2014 où elle avait assisté au vingtième anniversaire du génocide rwandais, l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-Unies, Samantha Powell, avait fait escale à Bujumbura pour s’entendre dire par Pierre Nkurunziza qu’il avait bien l’intention de quitter le pouvoir à la fin de son deuxième mandat, mais qu’il avait besoin des soutiens pour bien organiser le scrutin et préparer sa sortie. Très encouragée par les propos de ce « pasteur »-menteur de président, la diplomate américaine multiplia, immédiatement, par quatre, l’aide des Etats-Unis pour l’organisation de cette présidentielle, qui passa, ainsi, de 2,5 millions de dollars à 10 millions de dollars. On connaît la suite…

La diplomatie africaine de Barack Obama est à l’image de ce fiasco au Burundi. Personnellement, je ne demande pas à Barack Obama d’être un va-t-en guerre comme le fut Georges Bush dont je reconnais en passant que sa méthode fut bonne pour pacifier le Libéria, en obtenant vertement de Charles Taylor, le fouteur du désordre dans ce pays et dans la sous-région, de quitter purement et simplement le pouvoir. Barack Obama aurait rendu service à tout le monde en obtenant, de force, le départ de Pierre Nkurunziza dont le maintien controversé à la tête du Burundi provoque, énormément, de pertes. Malheureusement, Obama est un président qui ne sait pas prendre les bonnes décisions au bon moment. Il est d’une hésitation à énerver le pape.

Je terminerai par le contre-exemple libyen : aux côtés des Français, des Britanniques, des Qataris et de l’OTAN, Barack Obama, sans écouter les dirigeants de l’Union africaine, organisation qu’il va visiter à Addis Abeba, pendant ce quatrième voyage, s’était lancé dans la guerre pour chasser du pouvoir, le colonel Kadhafi, qui n’avait plus aucun différend avec l’Amérique, toutes ses dettes suite aux attentats, ayant été soldées. Dans le cas libyen, l’Afrique n’avait, strictement, rien demandé à Barack Obama, qui a agi contre les intérêts de ce pays, du continent africain, et même des Etats-Unis, au regard de ce que la Libye est, finalement, devenue, aujourd’hui. La Libye, plus tard, a même coûté la vie à un ambassadeur américain. Quelle clairvoyance !

Je continuerai à saluer l’arrivée d’un Noir à la Maison Blanche jusqu’au jour de son départ. Mais, dans mon for intérieur, je ne cesserai de penser que son passage aura été une grande déception pour les relations entre l’Afrique et ce grand pays que sont les Etats-Unis.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier