Même les Indiens s’y mettent-ils ? De telles épopées se racontaient dans l’ex-Union soviétique, et dans certains pays de l’Est quand les étudiants africains sortaient des filles blanches et en faisaient des maîtresses. Cela réveillait un instinct racial caché. Et le naturel revenait au galop. En Inde, de tels faits sont plutôt rares pour être signalés.
La police indienne a arrêté, ce jeudi, 4 janvier, cinq hommes dans l’enquête sur des violences subies par une étudiante tanzanienne frappée, à Bangalore (Sud), par une foule en furie, qui lui a arraché son tee-shirt. Il ne s’agit pas d’une affaire de moeurs, mais, les étudiants africains, à Bangalore, « sont vraiment déçus, frustrés et effrayés », suite à cette attaque, a assuré l’ambassadeur de Tanzanie en Inde, John W. H. Kijazi, à la chaîne de télévision indienne CNN-IBN, affirmant avoir appelé le gouvernement indien à renforcer la sécurité pour ces étudiants.
La ministre des Affaires étrangères, Sushma Swaraj (notre photo avec son homologue togolais, le professeur, Robert Dussey, en marge du Sommet Inde-Afrique, en octobre dernier, à New Delhi), a qualifié cette agression de « honteuse » et demandé à la justice d’agir, rapidement, pour punir les coupables.
« Nous sommes profondément peinés par cet incident honteux dont a été victime une jeune Tanzanienne à Bangalore », ville accueillant un grand nombre d’étudiants étrangers, a-t-elle dit sur Twitter tard mercredi soir.
« J’ai demandé au chef de l’exécutif (de l’Etat du Karnataka) d’assurer la sécurité et la tranquillité de tous les étudiants étrangers, et une peine sévère pour les coupables, » a ajouté la ministre.
La foule a attaqué l’étudiante de 21 ans et ses amis, dimanche, 31 janvier, soir, semble-t-il en représailles à un accident de la route impliquant un véhicule conduit par un Soudanais ayant tué une habitante de la ville.
L’étudiante a indiqué dans sa plainte déposée mercredi que la foule déchaînée avait attaqué sa voiture qui approchait du lieu de l’accident, survenu moins d’une heure plus tôt.
« Notre voiture a été incendiée. Ils ont tiré sur mon tee-shirt et l’ont arraché, me laissant sans rien. Ils ont continué à nous agresser et nous avons fui pour sauver nos vies », selon sa plainte citée par le Times of India.
« Mes amis et moi avons sauté dans un bus. Le conducteur n’a pas bougé et les autres passagers nous ont chassés. Un passant m’a donné son tee-shirt, il a également été frappé ».
Un responsable de la police de Bangalore, N S Megharikh, a indiqué que cinq personnes avaient été arrêtées dans cet « incident de la route » qui, selon lui, n’a pas de connotation raciste.
L’ambassadeur de Tanzanie en Inde a estimé que l’Inde et les pays africains devaient travailler, ensemble, pour faire cesser ce genre d’incidents, qui « surviennent régulièrement ».
« Ce n’est pas la première fois que survient un tel acte, cela arrive plusieurs fois par an », a-t-il dit sur la chaine NDTV.
La police est accusée de ne pas avoir empêché cette agression après que la jeune femme eut demandé son aide en soulignant qu’elle était tanzanienne et n’avait aucun lien avec l’accident.
« Ils nous ont dit +Vous vous ressemblez tous, vous devriez retrouver l’homme noir qui a écrasé une femme dans le quartier+, » a affirmé l’étudiante tanzanienne dans sa plainte.
En 2014, à New Delhi, une foule a attaqué trois hommes africains, dans une station de métro, pour avoir, prétendument, harcelé des femmes locales. Un incident, successivement, qualifié de raciste.