Depuis quelques mois, l’opposition ne cesse de titiller le pouvoir. Si elle a toujours joué son rôle, elle se montre, ces derniers temps, particulièrement, zélée. Surtout depuis le changement de majorité en France avec l’arrivée des socialistes au pouvoir. On a vu ces derniers temps plusieurs opposants gabonais prendre quasiment d’assaut la rue de Solferino, siège du parti socialiste français. Sans oublier la cellule africaine de l’Elysée.
En octobre, lobbying à Paris, du Pr Pierre André Kombila Kouma, pour bien faire asseoir auprès de la diaspora gabonaise et des dirigeants français de gauche, l’idée d’organiser une Conférence nationale souveraine (CNS), etc. Les opposants gabonais réapprennent à faire de la politique, en s’affichant sur tous les fronts, et en faisant preuve d’une témérité qui se passe de tout commentaire. Est-ce à cause du changement de la majorité en France comme le suggèreraient certains analystes ? Est-ce parce que l’ennemi du pouvoir numéro un, Mba Obame André (MOA), sitôt rentré, à Libreville, en août, après un long exil pour raisons de santé, en France, s’est mis à tirer les ficelles au sein de la classe politique ? Est-ce parce que l’opposition a tout simplement décidé de siffler la fin de la récréation du régime en place ?
Mais de son côté, le pouvoir ne se laisse nullement décontenancer : le chien aboie la caravane passe, peut-on dire pour qualifier son attitude. Conscient qu’il est jugé sur son bilan, le président prend des initiatives pour lutter contre la vie chère et améliorer le quotidien de ses compatriotes. Il espère couper, ainsi, l’herbe sous les pieds de ses adversaires, des anciens dignitaires du Parti démocratique gabonais pour la plupart. Le successeur du patriarche abat-il un travail de titan de nature à donner satisfaction aux Gabonais comme soutiennent ses supporters ?
Peut-il résolument mieux faire comme l’indiquent des Gabonais qui n’émargent dans aucun parti politique ? Sa présidence laisserait-elle tant à désirer au point d’être une catastrophe comme le jurent les par tis de l’Union des forces du changement (UFC) et la frange de la société civile dite radicale ? A Libreville, aujourd’hui, chacun se fait sa propre religion.
Que disent les « décus » de « l’avenir en confiance » ?
Contrairement aux ministres d’Omar Bongo Ondimba, le gouvernement est composé d’illustres inconnus, suprêmement, incompétents, pour la plupart, insistent les opposants. Véritables poids lourds au sens propre comme au sens figuré, les ministres du patriarche étaient, certes, considérés comme parfois inamovibles, mais ils brillaient par leur maîtrise des dossiers, même si le résultat de leur travail n’était pas, toujours, à la hauteur des attentes sociales. Elu en 2009 pour faire du Gabon un pays émergent en 2025, Ali Bongo Ondimba a fait confiance aux hommes neufs, généralement, peu connus du grand public. Mais les populations ne sont pas plus satisfaites aujourd’hui qu’hier : le bilan n’est pas bon au bout de trois ans de mandat, assènent-ils.
Plus grave, jadis pays d’influence, le Gabon n’est plus que l’ombre de lui-même. Conséquence, il perd du terrain au sein des instances internationales. Coup sur coup, le pays a perdu deux places for tes dans la fonction publique internationale, avec l’éviction de Philibert Andzembé comme gouverneur de la BEAC et, récemment, celle de Jean Ping, qui n’a pu rempiler comme président de l’Union africaine, alors que pour le faire élire le 1er février 2008, le patriarche avait obtenu l’adhésion de ses pairs sans (même) bouger de Libreville, et ce malgré l’hostilité affichée de feu le frère guide libyen, qui souhaitait, ouvertement, la poursuite du mandat du Malien Alpha Oumar Konaré.
Les « déçus» de l’action du président estiment que le pluralisme politique au Gabon est mis à mal par la dissolution de l’Union nationale (UN), ce parti dont le secrétaire exécutif avait cru bon de s’autoproclamer président de la République, un beau jour de janvier 2011, plus d’un an, après le verdict de la Cour constitutionnelle. Si ce parti a été rayé du paysage politique gabonais, il reste encore vivace dans l’imaginaire populaire : même dissoute, l’UN reste une force politique incontournable, en ce sens qu’il est au centre de toutes les discussions. L’interdire, dans ces conditions est une décision contreproductive, estiment certains.
Autre reproche formulé à l’endroit du pouvoir : les fameuses agences rattachées à la présidence de la République, et qui font à la place des ministères : Agence nationale des grands travaux (ANGT), Agence des parcs nationaux, Agence des bourses et stages, Agence d’études et d’observations spatiales, Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre, Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences. Les Gabonais sont opposés qu’on confie la gestion de la plupart d’entre elles à des étrangers. Il en est par exemple de l’ANGT, qui est un véritable mastodonte dont le budget entre 2012 et 2016, dernière année du mandat d’Ali Bongo Ondimba, s’élève à quelque 6.265 milliards de f cfa (9,6 milliards d’euros). Dirigée par le Français, Henri Ohayon, l’ANGT est devenue le principal souffre-douleur des frustrations de l’opposition. Les agences, soutiennent les détracteurs d’Ali, ne rendent compte qu’au seul président de la République qui n’est responsable devant personne, ni devant le parlement, ni devant aucune Cour de justice ou des comptes. Autrement dit, et pour paraphraser le « makaya », la présidence de la République gabonaise, au regard des récriminations des opposants, serait infestée de lugubres personnages non recommandables dont le rôle n’envierait pas celui d’obscures « correspondants » des séries de James Bond alias 007. Cela aurait pu prêter à sourire, dans un pays où l’on marche sur ses deux pieds, sauf que cette question au Gabon, jurent certains opposants, justifierait, elle seule, la tenue d’une Conférence nationale souveraine (CNS). Indépendance du pays oblige !
L’opposition nourrit d’autres griefs à l’endroit du pouvoir. Par exemple, la place des étrangers et des Gabonais de génération récente, dans la République où quelques-uns occupent des postes stratégiques pour ne pas dire enviés. Là aussi, il y a matière à débat comme si, pour l’opposition, il existait deux catégories de Gabonais : ceux qui le sont de souche et les autres. Ce problème est gravissime et commence à faire l’objet de passion et énormément d’indexation. Dès son retour à Libreville le 11 août, MOA a donné 15 jours, par exemple, à Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, un Gabonais d’origine béninoise, pour quitter le Gabon. Sur le plan économique, on pourrait, également, évoquer les projets de la Zone de Nkok (déjà opérationnelle), qui sont perçus comme des erreurs de « casting ». Il y a aussi la promesse des 5.000 logements annuels dont on n’a pas encore vu la couleur, trois années après. Bref, pour les « déçus » de « l’avenir en confiance », rien ne va dans le pays présidé par Ali Bongo Ondimba, depuis 3 ans. Cela dit, on est encore très loin du seuil critique à partir duquel la situation ne serait plus sous contrôle. Le Gabon c’est le Gabon. Ali Bongo Ondimba est invité, par l’opposition, à changer. Heureusement que tous ses compatriotes ne l’entendent pas de cette oreille.
Le satisfecit des partisans
Cela peut donner du baume au cœur. Soutenir Ali Bongo Ondimba? Bien sûr qu’il le mérite amplement. Il est jeune, dynamique, moderne, et a une vision pour le Gabon ; il incarne la nouvelle Afrique disent en chœur ses partisans. Les fameux opposants qui font de l’obstruction systématique ne sont-ils pas tous des anciens apparatchiks du régime, qui ont dirigé le Gabon des années durant ? Qu’on n’oublie pas l’état dans lequel ils ont plongé le pays, dilapidant tous les budgets d’investissements, bloquant ainsi le développement du Gabon. Sous d’autres cieux, ils seraient tous en prison. C’est peu dire qu’Ali Bongo Ondimba a réussi à tenir le cap faisant que le Gabon devienne un grand chantier à ciel ouvert. En cette fin 2012, le bon fonctionnement des institutions nationales, ne fait l’objet de contestation par personne. C’est d’ailleurs ce qui incite le président à trouver non fondée l’idée d’organiser une CNS.
La première qualité du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, c’est qu’il a su rassembler le peuple gabonais autour de sa personne, et d’un idéal, celui du vivre ensemble. La grande majorité a, incontestablement, adhéré.
Après avoir restauré la paix et la sécurité sur le plan intérieur, Ali Bongo Ondimba, notent ses soutiens, a fait entendre la voix du Gabon, à l’extérieur, sur des sujets ayant trait à l’environnement. C’est, logiquement, que le leadership continental sur la protection de l’environnement et le changement climatique, lui a été attribué, en tant que porte-parole de la position africaine sur la biodiversité lors du Sommet de Rio+20. Le Gabon a, également, représenté l’Afrique comme membre non permanent au Conseil de sécurité, en récompense de son engagement en faveur de la paix et de la solidarité entre les peuples.
Sur le plan économique, le chef de l’Etat a pris deux mesures importantes : l’interdiction d’exportation des grumes et le « torchage » du gaz dans l’industrie pétrolière. Objectif : diminuer le chômage et accroître la valeur ajoutée des entreprises de ces secteurs, ce qui a permis d’augmenter la richesse nationale.
Enfin, sur le plan social, relève-t-on du côté du pouvoir, beaucoup de mesures ont été prises comme le fonctionnement optimal de la CNAMGS, la revalorisation des bourses des étudiants et de la prime de transport, l’augmentation de l’indemnité de logement, sans oublier la revalorisation du revenu minimum à 150.000 f cfa (229 euros).
Dans le domaine sanitaire, outre la restauration du Centre hospitalier de Libreville (CHL), la construction d’un hôpital moderne pour le traitement du cancer à Angondjé, le chef de l’Etat a prescrit le démarrage des travaux des CHU à Owendo et à Lambaréné.
Enfin, pour renforcer le pouvoir d’achat et consolider le panier de la ménagère face à la vie chère, Ali Bongo Ondimba a expressément pris des mesures pour atténuer la hausse des produits de première nécessité. Il a par exemple décidé de suspendre la TVA et les droits de douane, pour six mois, sur toutes les denrées alimentaires de grande consommation. Pour que la ménagère en ressente l’impact, il a prescrit un contrôle rigoureux de l’applicabilité de cette mesure, afin qu’elle ne bénéficie pas aux seuls commerçants véreux des grands centres commerciaux de Libreville. Qui dit mieux en zone CEMAC ?