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Les Noirs en France, qu’ils soient Français d’origine africaine ou Antillais, sont 0 partout.
La France, patrie (dite) des Droits de l’Homme, grande donneuse de leçons devant l’Eternel, a-t-elle regardé son nombril ?
Paul Tédga
FRANCE : INTEGRATION POSITIVE ET VISIBLE DES NOIRS FRANÇAIS , ENTRE MYTHE ET REALITE
Le droit d’exprimer des opinions, de proposer des modifications au droit dominant, en somme, l’exercice de la liberté d’expression n’est-il pas un droit de l’homme ?… Surtout dans une démocratie. A contre-courant de la pensée unique, il m’appartient d’essayer d’apporter la lumière sur une réalité trop souvent occultée : la discrimination et l’exclusion des Noirs.
D’aucuns me reprocheront de critiquer, de faire un réquisitoire, d’avoir une attitude négative.
Or, je ne fais que reprendre la pensée hégelienne de la positivité du négatif « la négativité entraîne l’imagination, implique une transformation des situations, réduit et provoque l’innovation. Elle est le facteur premier de tout progrès ». C’est à une grande réflexion que j’invite la communauté nationale sur un sujet considéré comme tabou, qui doit, si elle veut affronter les défis du 21ème siècle et le 3ème millénaire, se transformer dans ses profondeurs mêmes.
Pour avoir été censuré par la presse parisienne, je dis merci à Paul TEDGA, Directeur de Publication du bimensuel international « Afrique Education », qui a permis la publication de ma première réflexion ( dans le numéro 155), sur un sujet touchant à la dignité humaine et qui déchaîne toutes les passions. C’est une réponse à tous ceux qui parlent toujours à notre place.
« Si j’avais la main pleine de vérité, je me garderais bien de l’ouvrir », disait MONTESQUIEU. Moi, je l’ouvre !
LE MYTHE
Dans le monde, la France c’est le pays des droits de l’homme. Héritière de la révolution de 1789, la France moderne se sait dépositaire d’un principe à diffuser dans le monde. « Tous les hommes naissent égaux… », commence ainsi le texte sur les droits de l’homme et du citoyen qui a largement inspiré la déclaration universelle des droits de l’homme, accepté par tous les pays du monde et auquel s’ajoute « l’égalité des chances » .Il n’y a pas un homme torturé et humilié dans le monde qui ne suscite une réaction très vive de la France. L’Irak et La Palestine en étant des illustrations. Le respect des droits de l’homme constitue en toile de fond, le fonds de commerce diplomatique de la France pour son image de marque à l’étranger et sa stratégie de communication internationale. Lorsqu’on pérore partout à l’étranger contre la violation des droits de l’homme !!! Qu’en est-il de la France ?
L’actualité quotidienne nous rappelle cruellement la réalité de la discrimination et l’exclusion récurrentes des minorités et notamment des Noirs français par l’Etat et les Pouvoirs Publics qui refusent la valorisation de l’image positive des Noirs par la promotion exemplaire de son élite. La multiplicité des associations des droits de l’homme et autres structures fondées pour y remédier sont un leurre, nonobstant une inflation législative, avec les résultats que nous connaissons.
Seuil de tolérance, odeurs, Invasion, sans citer les termes poussant à la haine, etc… au plus haut sommet de l’Etat, sont les mots qui cristallisent l’échec de l’intégration des minorités. La France vit toujours à l’heure du clocher et du sketch célèbre « le boulanger » de l’humoriste Fernand RAYNAUD : « ils viennent manger le pain des Français », j’entends de souche et de sang en opposition à ceux d’Outre-Mer et d’origine étrangère non européenne, comme ils aiment à le rappeler. Après le voile, le débat politique se polarise actuellement sur la « Discrimination Positive », avec son cortège funèbre et émotionnel d’écarts de langage selon que l’on soit pour ou contre l’intégration. Ce mot qui a été inventé par l’intelligentsia française, n’est pas du tout la traduction sémantique de « Affirmative Action ». Cette invention a pour but de dénigrer l’expérience américaine qui a réussi. Alors que nous savons tous que les Etats-Unis d’Amérique sont le pays de toutes les intégrations et de toutes les réussites. Cette obsession anti-américaine risque d’entraver toutes les velléités et tentatives d’intégration positive et visible. Force est de constater que l’intelligentsia et les médias qui doivent jouer un rôle considérable dans la création d’une opinion publique en faveur de l’intégration se dérobent.
LA REALITE
Ne faut-il pas rappeler que la France fut un empire colonial, et grâce à cette hégémonie, elle devint une puissance, et que l’histoire et la langue ont aussi engendré un pré-carré français dans le monde qu’on appelle la « Francophonie ». Les Français blancs sont mieux accueillis, considérés et intégrés à des positions sociales exemplaires en Afrique, dans le Maghreb que ne le sont les Noirs et Arabes français en France. Ils occupent des postes de super conseillers dans les Présidences, Ministères et autres Institutions en Afrique et dans le Maghreb, où ils paradent, sans oublier les régiments de conseillers occultes (anciens hommes politiques et autres faiseurs d’opinion), ces mercenaires intellectuels omniprésents auprès des chefs d’Etat et Ministres. En quête de grosses enveloppes d’argent, ils rincent sans vergogne les tiroir-caisses des Présidences et Ministères en Afrique. A comparer aux Noirs et Arabes français en France, malgré le gros bagage intellectuel, ils sont réduits à des emplois humiliants. Cela confirme que l’intégration des minorités et notamment des Noirs français n’est toujours pas accomplie suivant le principe constitutionnel de l’universalité du peuple français tel qu’il est issu de la révolution française (1789), raffermie et confirmée par les principes fondateurs de la 5ème République (1958).
Lorsqu’on expliquera à la communauté nationale, pourquoi parle-t-on français en Afrique, dans les Dom / Tom, etc… , on pourra enfin arrêter l’enseignement de la mémoire sélective.
De facto, je suis tenté de dire à François FILLON, Ministre de l’Education Nationale que si l’on avait enseigné la Francophonie dans les écoles, collèges, lycées et universités français, l’on aurait permis le dialogue et l’intégration d’autres cultures. S’il y a une proposition à lui suggérer, c’est celle d’inscrire sur le bureau de l’Assemblée Nationale, une proposition de loi relative à l’enseignement de la Francophonie dans les écoles, collèges, lycées et universités français. Ainsi, les Français de souche connaîtront mieux leurs compatriotes noirs, arabes, asiatiques, etc… ce qui permettra aussi de lutter plus efficacement contre la discrimination, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, fantômes qui hantent sans cesse la société française. Pour autant, la France n’est pas à dominer , elle est à partager.
Le système ultra-méritocratique de l’enseignement a des effets pervers pour les minorités que l’histoire a malmenées. Cette école de ségrégation scolaire au sein de laquelle l’enseignant est fortement influencé par l’origine sociale, la couleur de la peau noire et l’appartenance à une religion (islam) des élèves, les lycées professionnels ( L.E.P.) en majorité noire et arabe en étant l’illustration. Bien sûr, il y a une école de la république, mais derrière tout ça, subsiste une réalité dissimulée : la discrimination. Il y a surtout deux écoles : Une pour les enfants du peuple dans laquelle s’ajoutent les Noirs, les Arabes, qui restent cantonnés dans les lycées d’enseignement professionnel, où règne l’échec scolaire. Une autre pour les milieux privilégiés et aisés dont les enfants vont au lycée d’enseignement général, appelés à un autre destin scolaire, car ils seront l’élite de demain, en remplacement de leurs parents. Nous sommes face à une école inégalitaire qui discrimine. Où est l’égalité des chances ? Ne devrait-on pas nous inspirer de l’expérience américaine « Affirmative Action » ? C’est par l’éducation que les Américains ont réussi l’intégration des minorités, des hommes et des femmes que l’histoire américaine avait malmenés. Adversaire de « Affirmative Action » du temps ou il était Gouverneur du Texas, le Président Georges BUSH est devenu aujourd’hui, son fervent partisan en affirmant même : que c’est la moins mauvaise solution, sinon toutes les universités redeviendraient blanches, donc un frein à l’émergence des élites issues des minorités.
QUE VEUT- DIRE « AFFIRMATIVE ACTION »
C’est une loi sur les quotas, qui consiste à imposer l’inscription dans les universités et l’embauche à des postes de responsabilité dans l’administration, les grandes entreprises, etc… des minorités. Cette politique a donné de bons résultats chez les Noirs, ce qui a permis l’émergence d’une classe moyenne et d’une élite noires. Contrairement à ces détracteurs en France, c’est pas du tout la promotion et l’intégration de la médiocrité. La sortie du ghetto aux U.S.A. pour la minorité noire a été rendue possible grâce à la politique de « l’Action Affirmative » que j’appelle « Intégration Positive et Visible ». C’est l’accomplissement du rêve américain pour tous.
En France, on naît, on grandit et on meurt dans le ghetto, le rêve français n’existe pas. Les Noirs et les Arabes remplissent les prisons françaises, il en est de même aux U.S.A., certes, mais ils occupent aussi des hautes fonctions et des positions sociales exemplaires.
Pour m’étendre sur le sujet, je fais mien le constat fait par Yasmin Alibhai-Brown chroniqueuse au journal « The Independant » Londres qui a pourtant plusieurs métros d’avance sur la question : « Les Blancs ont toujours un faible pour le cosmopolitisme culinaire, les massages asiatiques, les peaux halées et l’exotisme sexuel, mais Dieu sait comme il serait bon que les falaises immaculées de Douvres puissent enfin retrouver leur blancheur originelle », (extrait de l’article paru dans Courrier International du 29 janvier au 4 février 2004).
Ségrégation, Racisme, Antisémitisme, Xénophobie : toutes ces questions ne doivent pas se résoudre en une simple analyse binaire, mais dans une dialectique qui transcende les adversités et les clivages politiques, dans laquelle le politique est à la fois un sujet et un objet de la recherche acceptée comme fin non comme moyen. Qu’en est-il du Pacte Républicain ?
Il revient à l’Etat et aux Pouvoirs Publics de donner l’exemple. « Il n’y a que les classes en décadence qui refusent la vérité », disait Jean JAURES.
La République reste à construire. Pour autant, la liberté ne doit pas être celle de l’indifférence à l’égard d’une situation indigne et cruelle subie par d’autres communautés, même si elles sont minoritaires. Cette liberté mène droit au Nationalisme et au Fascisme. Le nationalisme exclut de fait tout ce qui n’est pas de souche et de sang, par conséquent, il est urgent de faire une mutation pour passer du nationalisme au Patriotisme, car seul le patriotisme intègre.
Sans voix, ni porte-voix, le combat pour l’intégration fait figure de parent pauvre par un manque manifeste de relais et de support au niveau national. Soyons optimistes, les idées : « c’est comme le vent, c’est le vent qui porte le monde » .C’est vrai qu’il y a un grand déficit intellectuel sur cette question actuellement. Je regrette la France des lumières qui brillait grâce à ses grands Penseurs qui, contre vents et marées combattaient la pensée unique. En revanche, je vous rappelle que nous sommes sur les traces de :Jacques Pierre BRISSOT de WARVILLE, Député à la législative et à la constituante en 1788, et après FRUCTIDOR (1795), Honoré MIRABEAU, Gilbert du MOTIER La FAYETTE, de La ROCHEFOUCAUD, Jean Antoine de CONDORCET, Emmanuel-Joseph SIEYES, LACEPEDE, LANTHENAS, FROSSARD, L’Abbé GREGOIRE, Jean-Baptiste SAY, Camille DESMOULINS, Olympe de GEORGES, PRIQUELER, Laurent de LAVOISIER, etc… Ces grandes figures de l’intelligentsia avaient pris position et ils s’étaient fait noirs pour cette cause. Par conséquent, j’ai l’intime conviction que dans cette lutte pour la dignité humaine, nous serons bientôt rejoints par les hommes et les femmes de bonne volonté et de bon sens.
Jean-Félix MOULOUNGUI
Est docteur en droit et militant de base de l’UMP.