Comme en Centrafrique, après la fin de l’Opération Sangaris, le départ programmé des troupes françaises du Mali fournit à la société de sécurité, Wagner, une formidable occasion d’obtenir d’avantageux contrats miniers et de recueillir des fonds auprès des entreprises minières à capitaux australiens et chinois présentes au Mali, en particulier.
Le Mali est le troisième producteur d’or après l’Afrique du Sud et le Gabon, et est en passe de devenir le premier producteur de lithium de l’Afrique de l’ouest.
Il n’en fallait pas moins pour susciter la convoitise du patron de la société Wagner, Evgueni Prigojine, un proche du président, Poutine, d’autant que cela lui permet de faire d’une » pierre deux coups » : augmenter ses gains – les revenus tirés de la Centrafrique ne lui suffisent plus -, faciliter l’entrée de la Russie dans la région.
Il y aurait un peu plus de 300 mercenaires de Wagner au Mali. Ils seraient 450 en Centrafrique. Leur nombre est difficile à évaluer. Il n’a jamais été communiqué car c’est une » armée de l’ombre ».
Wagner va vraisemblablement demeurer en Centrafrique malgré les enquêtes diligentées par l’ONU concernant les accusations d’atteintes graves aux droits humains portées à l’encontre de ses turbulents employés. Elle y bénéficie, pour le moment, du soutien du président centrafricain, même si le Rwanda tente une percée en combattant aux côtés des FACA ( Forces armées centrafricaines ). Wagner espère bénéficier de la même confiance de la part de la junte malienne.
Hermétiques aux vives critiques dont ils sont l’objet, les mercenaires de Wagner n’ont aucune raison de ne pas se conduire en soudards comme ils le font en Centrafrique, même s’ils sont dans le viseur de l’ONU et de la Cour pénale internationale.
A quoi cela servirait-il de combattre si on ne peut en tirer quelques petits avantages au passage et se comporter en terrain conquis ?
Il est fort probable que les Maliens qui affichent une adhésion à Moscou et Wagner aient à le regretter amèrement.
Patrick David
Docteur en droit