Conseiller diplomatique du président du Togo, Robert Dussey vient de sortir un nouvel ouvrage aux éditions l’Harmattan à Paris. Il a accepté de nous en parler.
AFRIQUEDUCATION : « Une comédie sous les tropiques » vient de paraître à Paris. De quoi s’agit-il dans ce roman et quel message cherchez-vous à passer ?
Une comédie sous les tropiques est une fiction paillette qui part d’une analogie du roman de Balzac pour explorer le tréfonds de l’âme humaine. Contrairement à son titre qui laisse penser à une analogie avec la situation politique du continent et même à la titrologie de certaines œuvres de fiction, à l’instar du Cercle des Tropiques d’Alioum Fantouré, Mon Cancer aux Tropiques de Kangni Alem, il s’agit d’un roman réaliste qui dépeint les tribulations sexuelles d’un jeune homme et la vie d’une jeunesse africaine. Il s’agit également de la vie et la montée au pouvoir du Commandant Steven, un Ubu tropical, dont les agissements rappellent le passage de certains militaires à la tête de leurs pays tels : Idiamin de l’Ouganda, Jean-Bedel Bokassa de l’empire imaginaire centrafricain. Mon message dans ce roman est tout simple : l’Afrique doit bouter hors du continent les mauvais dirigeants.
Quelles leçons peut-on tirer de votre roman à la lecture des événements qui se déroulent en Afrique du Nord (Tunisie, Égypte, Libye) ?
« Une comédie sous les tropiques » n’est pas un essai politique qui pourrait aider à la compréhension des événements en Afrique du Nord, mais il y a des éléments de comparaison qu’on peut établir à la lecture de ce roman avec les soubresauts actuels dans le Maghreb. Le despote ubuesque Commandant Steven ressemble bien à s’y méprendre à un leader d’Afrique qui a fini par confondre ses desideratas à la volonté populaire et menacé son peuple de génocide en cas de soulèvement. La mauvaise gouvernance, le manque de démocratie, l’absence de liberté, le musellement du peuple, le culte de la personnalité, la faim, constituent la lame de fond des soulèvements populaires en Afrique du Nord. Comme en Afrique subsaharienne dans les années 1990, les soulèvements dans le monde arabe ne sont pas surprenants. A partir du moment où le chômage, le non-emploi, la faim, tourmentent des populations, il n’est pas étonnant qu’elles se soulèvent et remettent profondément en cause les systèmes politiques pervertis. Le soulèvement populaire en Tunisie, en Egypte et dans la Jamahiriya arabe libyenne socialiste est la preuve symbolique de l’aspiration profonde des peuples africains à la démocratie, à la liberté, à être mieux gouvernés, à la dignité tout simplement. Les dirigeants d’Afrique subsaharienne sont d’autant