MALI : Le fédéralisme : Oui mais…

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Ibrahim Boubacar Keita (IBK) connaît un début de mandat plus que difficile. En moins d’un an, à la tête de l’Etat, le dossier « Nord-Mali » ou si l’on veut, MNLA, HCA et assimilés, a déjà fait sauter deux ministres du gouvernement et non des moindres. Ministre de la Réconciliation nationale, Cheik Oumar Diarra qu’on disait, très proche d’IBK, a dû, contraint et forcé, rendre son tablier, après quelques mois seulement, au gouvernement. Le principal reproche qui lui était adressé, était qu’il faisait du surplace dans la gestion d’une crise où on attendait une solution-miracle. Dans la foulée, le premier ministre, Oumar Tatam Ly a, lui aussi, été remercié, après, seulement, 7 mois passés à la tête du gouvernement. Place a été faite à un gouvernement plus volontariste, dirigé par le premier ministre, Moussa Mara, expert-comptable de formation, avec les résultats qu’on connaît : les violents combats ayant opposé l’armée malienne aux groupes armés rebelles et leurs alliés, entre le 17 et le 21 mai, ont fait une cinquantaine de morts dans les rangs de l’armée, des dizaines de blessés et de prisonniers, consacrant, là aussi, les limites d’une stratégie (par trop) volontariste. Conséquence, ce n’est plus le ministre de la Réconciliation qui a payé ce flop gouvernemental, à Kidal, mais le patron des armées, Soumeylou Boubèye Maïga, en personne, qui n’avait pas attendu le feu ver t du président de la République, avant de déclencher les opérations militaires. Là aussi, et une nouvelle fois, un ministre très proche du chef de l’Etat, prend congé de l’équipe gouvernementale.

La question qui se pose, à Bamako, aujourd’hui, sur ce problème nord-malienne, est : « à qui le tour ? » Car plus les jours passent, plus IBK se rend compte que le Nord-Mali est un cadeau empoisonné. Va-t-on laisser ATT (Amadou Toumani Touré) qui en est responsable, en grande partie, continuer de se la couler douce, à Dakar, alors que sa mauvaise gestion de ce dossier provoque des ravages au Mali ? La question se pose avec insistance, à Bamako, au point où, pour y faire contre feu, une rumeur a annoncé, fin mai dernier, ATT, comme possible représentant spécial d’une organisation internationale, en Centrafrique. Cela dit, personne ne doute qu’IBK voit du feu au Nord-Mali. Comment compte-t-il s’en sortir ?

Son camarade de l’Internationale socialiste, le président du Niger, Mahamadou Issoufou (qui connaît aussi de sérieux problèmes internes avec la « rébellion non militaire » du président de l’Assemblée nationale Hama Amadou), lui est venu en renfort. A défaut d’avoir, à ses côtés, comme il l’aurait espéré, le président français, François Hollande. Ce dernier, on le sait, commence à être critiqué au Mali où son intervention fut, unanimement, saluée, début 2013. Mais son inaction, lors de la grande bataille des 17 et 21 mai entre l’armée malienne et les rebelles, qui a entraîné une véritable déconfiture de l’armée malienne, fait se délier les langues. A Bamako, on accuse, nommément, les camarades socialistes de Paris, de faire le double-jeu, au profit des ennemis. Et de rappeler que l’ambiguïté de la France dans la gestion du dossier touareg a, toujours, posé problème, depuis des années.

Cette attitude de la diplomatie française, au Nord-Mali, n’est pas une découverte chez les Bamakois. Malgré ses très bonnes relations avec l’Elysée et le Quai d’Orsay, IBK n’ignore pas que la France ne verrait pas d’un mauvais œil la mise en place d’une solution fédérale pour résoudre, définitivement, le conflit malien. Le problème, c’est que les Maliens, dans leur majorité, ne l’entendent pas de cette oreille. Voilà, donc, IBK coincé entre le marteau et l’enclume.

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