ALTERNANCE EN AFRIQUE FRANCOPHONE : Les français bientôt marginalisés

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Le ton (non diplomatique) utilisé par l’administration Obama, pour passer le message du chef de la Maison Blanche, lors du Sommet Etats-Unis/Afrique, a laissé les autorités françaises, sans voix. Elles qui rasent, de plus en plus, les murs, pour parler, franchement, aux dirigeants africains. En moins de deux ans, les dirigeants français ont perdu leur latin : on est loin, très loin, des propos de François Hollande qui juraient vouloir « rompre avec la Françafrique ». S’il a su se montrer à la hauteur des attentes, en octobre 2012, lors du Sommet de la Francophonie, à Kinshasa, à côté du président (très mal élu), Joseph KabilaFrançois Hollande est très vite (re)tombé, par la suite, dans les travers de la Françafrique dont il réclame la rupture. Aujourd’hui, un dictateur comme le Tchadien, Idriss Déby Itno, n’a pas peur de se moquer du chef de l’Elysée, en parlant des premiers instants difficiles, de sa relation avec le successeur de Nicolas Sarkozy. Les Américains ont-ils conclu, en voyant cette gesticulation franco-française qu’il n’y avait pas grand-chose à attendre de leurs amis français, pour ce qui est de l’alternance en Afrique francophone ? En effet, qu’on soit de gauche ou de droite, on se rend compte que Paris a, qu’on le veuille ou non, les mains dans le cambouis africain. Le lobby militaire qui commande, ouvertement, la politique africaine de la France, ou du moins, ce qui en tient lieu, est-il si difficile à contourner ? Sinon, dans la logique du partage des responsabilités mondiales, entre pays membres du Conseil de sécurité, il n’appartient pas, ouvertement, à Barack Obama, de venir faire le ménage dans la mal gouvernance des pays francophones d’Afrique. C’est trop lui demander. S’il le fait, c’est parce que la nature a horreur du vide.

L’histoire franco-africaine des trente dernières années, comporte quelques enseignements. François Mitterrand avait dix-huit mois, de pouvoir entre les mains, quand il décida de sacrifier Jean-Pierre Cot, ministre de la Coopération, à la demande du président de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, et de quelques autres. Une fois ce trublion parti, et Nucci installé, à sa place, rue Monsieur, à Paris, la Gauche ne tarda pas à avoir, sur les bras, le scandale du Carrefour de développement. Mais dans un sursaut dont il était seul à avoir le secret, François Mitterrand se rebiffa, pendant son deuxième septennat, en 1990, en convoquant le Sommet France-Afrique, à La Baule, où il coinça ses homologues, avec sa demande de libéralisation des régimes politiques et d’instauration du multipartisme. Il a, ainsi, pu se racheter, aux yeux des intellectuels et peuples africains qui gardent, de son passage, à l’Elysée, un (pas mauvais) souvenir.

Et Lionel Jospin ? Il n’était que premier ministre de Jacques Chirac, sous un régime de cohabitation. Mais malgré le fait que le fonctionnement des institutions de la 5e République, attribuaient les Affaires étrangères et la Défense au président de la République, c’est-à- dire, à Jacques Chirac, pendant cette cohabitation (1997- 2002), Lionel Jospin et le ministre de la Défense, Alain Richard, trouvèrent, quand même, moyen de refuser l’intervention militaire que Jacques Chirac demandait, en faveur de son ami, le président ivoirien, Henri Konan Bédié, que des « jeunes gens » venaient de déposer, à Abidjan. C’est après la parenthèse Robert Gueï que le socialiste, Laurent Gbagbo, accéda à la magistrature suprême, grâce à cette succession de concours de circonstances. Conclusion : après François Mitterrand avec son Sommet de La Baule et Lionel Jospin avec son refus d’intervenir, militairement, en Côte d’Ivoire, pour remettre Henri Konan Bédié, au pouvoir, la question reste posée pour ce qui est de François Hollande. Peut-il servir à quelque chose en laissant son nom dans les bibliothèques universitaires africaines ? Le fait qu’il soit intervenu, au Mali, et, en Centrafrique, est, certes, un engagement à saluer, mais qui ne l’aurait pas fait ? Ce geste politique n’est, donc, pas de nature à faire graver son passage, à l’Elysée, dans la mémoire africaine comme un De Gaulle considéré être l’homme des (vraies fausses) indépendances, un François Mitterrand, reconnu comme l’homme du Discours de La Baule ou un Lionel Jospin qui s’est distingué comme l’homme du refus des interventions militaires pour maintenir en place des régimes corrompus et honnis par les peuples. Barack Obama est en train de faire, exactement, ce que les Africains attendaient de François Hollande. A ce dernier, de prendre le train en marche.

En effet, les Américains observent que les pays où l’absence de démocratie fait, encore, problème, en Afrique, se comptent, surtout, dans la partie francophone. Par ordre alphabétique, ils citent : Algérie, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, République démocratique du Congo, Rwanda, Tchad, etc. Ce sont des pays où les régimes politiques, en place, favorisent, difficilement, l’alternance politique, à cause, justement, de la Françafrique. Tandis que les pays anglophones ont, depuis belle lurette, intégré dans leur gouvernance, les principes de démocratie et d’alternance à la tête des pays. C’est le cas des pays suivants : Ghana, Nigeria, Malawi, Tanzanie, Kenya, Sierra Leone, Liberia, Afrique du Sud, et bien d’autres.

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