CENTRAFRIQUE : La République de « Dar el Kouti », une trouvaille de Déby?

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C’est un secret de polichinelle que la mouvance ex-Séléka, à majorité musulmane, est composée à plus de 90% de ressortissants tchadiens, qu’Idriss Déby Itno contrôle et manipule, à souhait, pour la grande majorité d’entre eux. Les Soudanais font, également, partie des ex-Séléka, mais, seulement, pour une infime partie. Mis hors-jeu, politiquement, de la transition qui se déroule en Centrafrique, depuis, l’arrivée de Catherine Samba-Panza (qui préfère travailler avec les présidents congolais, Denis Sassou Nguesso, et angolais, José Eduardo dos Santos), Déby, malgré, la passe financière difficile que traversent les finances tchadiennes, a, quand même trouvé les moyens de livrer, il y a quelque temps, jusqu’à 200 véhicules et matériels roulants à l’ex-Séléka, pour que ce mouvement reprenne du service, et ne soit pas réduit au silence. D’où son activisme de ces dernières semaines.

Au retour du Sommet Europe-Afrique, tenu à Bruxelles, début avril, alors que son avion venait d’atterrir à l’aéroport de N’Djamena, il avait déclaré à ses ministres et collaborateurs venus l’attendre, que « le Centrafrique n’échappera pas au Tchad. (Et que) Seul le soldat tchadien savait tenir en respect le citoyen centrafricain »Déby a respecté sa parole, en prenant la décision de retirer le contingent tchadien, du Centrafrique, à cause de ses nombreuses exactions mille fois dénoncées par les populations locales et les ONG internationales. Mais, il a continué à peser, comme avant, sur le destin du peuple centrafricain, même hors de ce pays.

Voyant qu’il commence à être marginalisé du dossier centrafricain où, il n’y a, pas longtemps, il jouait les premiers rôles, il organise, actuellement, le blocage du processus de sortie de crise. D’abord, au Forum de Brazzaville de fin juillet, où les ex-Séléka ont annoncé leur souhait de diviser le pays en deux, avec une République musulmane au Nord du pays, surprenant tout le monde, et d’autre part, à Bangui, où ils refusent de participer au gouvernement tout en menaçant de reprendre les hostilités. Pour déstabiliser le fragile pouvoir de Catherine Samba-Panza et surtout, lui montrer qu’il est capable de la faire marcher (comme il avait su faire marcher François Bozizé pendant 10 ans), Déby actionne, sans difficulté, ses frères tchadiens de l’ex-Séléka, pour qu’ils disent Non à tout ce qui leur est proposé. Bref, Idriss Déby Itno continue de maintenir le Centrafrique en otage (à travers l’ex-Séléka). D’un orgueil mal placé, il souhaite, à nouveau, être appelé à y jouer un rôle de premier plan, comme par le passé. Mais de lui, les Centrafricains ne veulent plus, car pour eux, il est le principal responsable du malheur qui frappe, aujourd’hui, leur pays.

La dernière trouvaille, pendant cette période de flottement politique, c’est le nom de « Dar el Kouti » donné à la République séparatiste du Nord-Centrafrique, que réclament les Séléka. Une annonce immédiatement démentie, mais qui a le mérite d’avoir été faite. Car, au moins, on connaît, déjà, le nom de la République des musulmans du Nord de Centrafrique, pour laquelle il y a tant de pleurs et de grincements de dents. Qu’on ne cherche pas midi à quatorze heures. C’est du Déby tout cru.

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