Tout montre que Bongo Ondimba Ali (BOA) est aux abois. Et le risque de plonger le Gabon dans l’irréparable n’est plus une hypothèse d’école. Son adversaire (du moment) le plus dangereux, Jean Ping, aurait pu recevoir une balle « perdue », mercredi, 2 mars, soir, à son arrivée de Paris CDG, où il venait de passer deux semaines. Un temps mis à profit pour rencontrer toutes sortes de responsables politiques en France, au sein de la Commission et du parlement européens. Le job de Ping, c’est le contact. Il est le Gabonais détenteur du plus volumineux carnet d’adresses du pays, et qui s’y connaît le plus dans la diplomatie. Ses partisans peuvent le croire quand il leur racontera comment, dans les salons feutrés de Paris et de Bruxelles, il a taillé le BOA en pièces.
Voilà pourquoi Ping a eu droit à un retour mouvementé. BOA ne voulait surtout pas de son retour triomphal. Conséquence, il a mis ses gros bras de la police anti-émeutes aux alentours de Leon Mba International Airport dont toutes les issues étaient hermétiquement filtrées. Pour avoir accès à l’aérogare, il fallait être détenteur d’un titre de voyage. Sinon, on était refoulé sans ménagement.
L’objectif était d’empêcher les centaines (sinon plus) (voir notre photo) de jeunes partisans de l’opposition d’accueillir Ping, leur idole. Au lieu du voyageur-candidat, ils ont, donc, eu droit à des jets de gaz lacrymogène et à beaucoup de coups de matraques. Certains jeunes ont eu le visage presque brûlé par des liquides que leur aspergeait la police. On a beaucoup eu peur d’une balle perdue qui irait faucher Ping dans son véhicule. Cela n’est plus impossible dans le marécage où le BOA n’est plus le maître.
Malgré cette détestable situation après un vol de presque sept heures, Ping est finalement arrivé chez lui où il a improvisé une conférence de presse. Il rêve de croiser le BOA à la présidentielle pour lui donner une leçon mémorable de science politique qu’il n’oubliera jamais de sa vie. Même dès demain s’il le faut. Car il est fin prêt. Ses soutiens aussi.
Mais BOA le pourra-t-il ? Outre sa gestion catastrophique (le mot est faible) du Gabon, qui est devenu la propriété de quelques « profito-situationnistes » pour la plupart, étrangers, il traîne, aussi, un lourd handicap de candidat « sans papier », appellation qui lui colle, désormais, à la peau. Dans les mapanes, on ne parle que de cela.
Le chef de l’opposition, Zacharie Myboto, l’a, sévèrement, mis en garde, ce jeudi, 3 mars, devant la presse nationale et internationale, après l’annonce, il y a deux jours, de sa candidature, en pleine brousse d’Ozouri, dans l’Ogooué Maritime : « La déclaration de candidature de Monsieur Ali Bongo est une insulte de plus au peuple gabonais qu’il a déjà traité de chien il y a quelques jours, alors qu’il se trouvait à Franceville. Il est clairement établi que cet homme, pour se hisser par la force au sommet de l’Etat, a fait usage de faux. L’Union nationale appelle le Peuple gabonais à la vigilance et l’invite à se mobiliser, afin de ne pas se laisser abuser une seconde fois. Notre Parti ne saurait, en effet, tolérer que la candidature d’un individu, ayant déjà violé la Constitution en 2009, un homme sans acte de naissance, dont on ne connaît ni la filiation, ni les origines et, encore moins, la date et le pays de naissance, s’impose à nouveau par la force, à la tête du Gabon. Nous lui opposerons une résistance farouche ! », conclut Zacharie Myboto.
Tout peut arriver au Gabon à tout moment. On en est déjà à une telle situation. Juste parce que le BOA n’écoute personne, il a fini par conduire le Gabon, ce beau pays, vers la catastrophe. On y est déjà !