Le pape François a égrené, dimanche, 26 août, lors d’une messe géante, à Dublin, une longue liste de « pardons » aux victimes d’abus commis par le clergé ou des institutions religieuses en Irlande. Cette demande de « pardon » ressemble à une séance de récitation déjà vue et déjà entendue qui fait que le pape et son église commencent à perdre du crédit auprès non seulement des fidèles catholiques mais de l’opinion. L’église a son principe : le pardon par le Christ (pour laver ses péchés) même si on a commis de pires abominations. La Maison de Dieu accueille tout un chacun quels que soient ses crimes. L’église n’est pas contre la justice des hommes, mais, pour elle, seule compte avant tout la justice divine. Celle à laquelle le pape François a fait référence à Dublin sauf qu’on lui demande de punir, sévèrement, les prélats fautifs, au nom de l’exemple. Cela dit, l’église catholique n’est qu’au début de sa tourmente. Car quand elle aura résolu le problème de la pédophilie et de l’homosexualité dans l’église catholique en Occident, elle aura fort à faire avec la sexualité des prêtres catholiques en Afrique qui produit, elle, des enfants un peu partout sans que le Vatican ne tire une quelconque sonnette d’alarme. En ce moment, le réveil du pape risquera d’être particulièrement brutal.
Interrogé sur ces accusations de pédophilie dans l’avion qui le ramenait à Rome, le pape a refusé de les commenter. « Je ne dirai pas un mot là-dessus », a-t-il déclaré aux journalistes. Le pape est, visiblement, très embêté.
Dès sa première prise de parole devant les fidèles, à Dublin, François a créé la surprise en énonçant dans sa langue espagnole natale une litanie de « pardons » destinés aux « survivants d’abus de pouvoir, d’abus de conscience et d’abus sexuels » en Irlande.
Dressant une liste de tous « les crimes », en particulier, ceux commis dans des « institutions dirigées par des religieux et des religieuses », le pape a, notamment, demandé pardon pour « les enfants qui furent éloignés de leur mères » parce qu’elles avaient été enceintes hors mariage.
Le souverain pontife, qui avait rencontré huit victimes irlandaises d’abus, a, aussi, pointé du doigt « des membres de la hiérarchie de l’église » qui ont « gardé le silence ».
Un demi-million de fidèles étaient présents pour écouter François, au Parc Phoenix de Dublin, mais, le nombre des participants semblait inférieur, peut-être, à cause de la pluie. Car en 1979, lorsque le divorce, l’avortement et le mariage homosexuel étaient impensables dans le pays, Jean Paul II avait, lui, parlé devant 1,5 million de personnes.
Dans le centre de Dublin, environ, 5.000 victimes d’abus de religieux et leurs sympathisants ont, au même moment, participé à une manifestation intitulée, « Debout pour la vérité ».
Depuis 2002, plus de 14.500 personnes se sont déclarées victimes d’abus sexuels commis par des prêtres en Irlande, et la hiérarchie de l’église irlandaise est accusée d’avoir couvert les agissements de centaines de prêtres.
L’ampleur de ces scandales explique en partie la perte d’influence de l’église sur la société irlandaise ces dernières années.
Officiellement consacrée à la Rencontre mondiale des familles, la visite du pape n’a cessé d’être parasitée par le dossier explosif des abus du clergé.
François a, lui-même, été mis en cause par un ex-ambassadeur auprès du Vatican à Washington, l’archevêque, Carlo Maria Vigano, qui l’accuse dans une lettre ouverte d’avoir annulé des sanctions contre le cardinal américain, Theodore McCarrick, en faisant fi de signalements de son « comportement gravement immoral avec des séminaristes et des prêtres ».
« La corruption a atteint le sommet de la hiérarchie de l’église », affirme, dans sa lettre, Mgr Vigano, en allant jusqu’à demander la démission du pape.
Cette lettre, confirmée par son auteur, a été publiée dans plusieurs publications catholiques américaines de tendance traditionaliste ou ultra-conservatrice, ainsi que, dans un quotidien italien de droite.
L’ancien nonce apostolique, aujourd’hui, à la retraite, y met, aussi, en cause, nommément, nombre de hauts prélats de la Curie romaine.
« Le Vatican n’a aucun commentaire immédiat », a déclaré une porte-parole du Saint-Siège interrogée sur les accusations de Mgr Vigano.
Plus tard, c’est le pape, lui-même, qui a refusé de commenter l’affaire. « Je ne dirai pas un mot là-dessus. Je pense que le communiqué parle de lui-même », a-t-il déclaré dans l’avion qui le ramenait à Rome, alors que les journalistes l’interrogeaient sur la lettre de Mgr Vigano. « Lisez attentivement le communiqué et faites-vous votre propre jugement », leur a-t-il conseillé.
Le cardinal, Theodore McCarrick, 88 ans, a été accusé, fin juillet, d’abus sexuels et interdit d’exercer son ministère, un scandale qui a ébranlé la hiérarchie de l’église catholique américaine. Le pape a, aussi, accepté sa démission de son poste de cardinal, un fait quasi-inédit dans l’histoire de l’église.
L’homme a été accusé d’abus par un adolescent, des faits remontant à des décennies, mais, qui n’étaient pas connus publiquement.
En Afrique, le scandale est de tout un autre ordre. En effet, dans certains pays, les prêtres entretiennent, parfois, au vu et au su de tout le monde, des femmes à qui ils ont fait des enfants qu’ils élèvent le plus naturellement du monde. De bons pères de famille en somme ! Parfois, on va jusqu’à se demander si ce n’est pas le chômage qui pousse une certaine jeunesse africaine à prendre le chemin du séminaire, et non la vocation.
Nul doute qu’après avoir solutionné le problème des abus sexuels des prêtres dans le monde occidental, l’église catholique romaine aura fort à faire avec le comportement condamnable de ses prêtres en Afrique.
Car si la pédophilie et l’homosexualité des prêtres ne laissent que des traces psychologiques chez leurs victimes dans les pays occidentaux, en Afrique, la sexualité des prêtres fait naître des enfants, qui restent des fruits (de la chair) à jamais visibles des déviances de certains porteurs de soutane. Ca là, le Saint-Père François pourra-t-il le supporter ?