Israël a relâché mardi, en plein désert, des centaines de clandestins africains, en vertu d’un jugement qui leur rend la liberté, mais les laisse désemparés devant cette question : où aller ?
Au total, 1.178 personnes doivent être libérées mardi et, aujourd’hui, mercredi, selon le porte-parole de l’autorité pénitentiaire, Sivan Weitzman.
Premier ministre, Benjamin Netanyahu a pourtant besoin de migrants, capables d’aider à la relance de l’économie. Adéfaut de faire la guerre. Mais pas les Erythréens et les Soudanais, qui, généralement, cognent à la porte, fuyant la dictature dans leur pays. Même s’ils savent cultiver les tomates dans le désert du Neguev, Bibi s’en moque éperdument.
Autre incongruté de la décision israélienne : après les relâchés en plein désert, les ex-détenus munis d’un maigre pécule de 600 shekels, sont persona non grata et à Tel Aviv et à Eilat.
Tel-Aviv et Eilat accueillent de fortes concentrations de clandestins africains dont la présence suscite, parfois, quelques tensions avec la population. Mais en interdisant, purement et simplement, ces deux villes aux détenus de Holot, les autorités ne les privent-ils pas d’un point de chute où retrouver des proches, ou, tout simplement, un travail au noir ?
Autre signe de xénphobie : le maire d’Arad, Nissam Ben Hamo, ville proche de Holot, localité où ont été mis en liberté les Africains en question, a, de son côté, ordonné aux employés et policiers municipaux de se déployer aux entrées de sa ville pour bloquer l’arrivée éventuelle de clandestins libérés. « S’il le faut », il sonnera la mobilisation des habitants pour « défendre leur ville », prévient-il sur Facebook.
Arad est proche de la Mer Morte et de ses hôtels, où les immigrants pourraient espérer du travail.
L’Etat hébreu étonne avec(ou en laissant prendre) de telles mesures. On est très loin de la solidarité entre Juifs et Noirs, comme l’ont toujours défendue les socialistes au pouvoir. Pour mieux situer ce problème dans son contexte, signalons qu’Israël est loin d’être un Etat assiégé, même si ceci n’explique pas cela. Selon les Nations-Unies, le pays ne compte que 53.000 réfugiés et demandeurs d’asile, c’est-à-dire, presque rien. Parmi eux, 36.000 sont venus d’Erythrée et 14.000 du Soudan. Israël ne leur accorde le statut de réfugiés qu’au compte-gouttes, laissant l’immense majorité à la marge.