CENTRAFRIQUE : Un mois de Ramadan placé sous le signe de l’espoir

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Un peu moins de 10% de la population centrafricaine est musulmane. Comme partout, pendant le mois sacré du Ramadan, le jeûne s’accompagne d’une hausse exceptionnelle de la consommation. Cette année, les musulmans de Centrafrique abordent le Ramadan avec une certaine appréhension.

Les prix de la farine de blé, du riz, du sucre et de l’huile raffinée ont quasiment doublé. Les autorités du Conseil islamique centrafricain ont appelé le gouvernement à lutter contre la spéculation sur les denrées alimentaires indispensables à la confection des repas du Ramadan.

En Centrafrique, même si on assiste à une baisse des mariages interreligieux et si les chrétiens hésitent à se rendre au PK 5, le quartier à majorité musulmane de la capitale, les relations entre les musulmans et les chrétiens semblent apaisées (sur notre photo, les fidèles musulmans prient devant la grande mosquée de Bangui. Quand il y avait les combats entre Sélékas et Anti-Balakas, prier ainsi en plein air était très très risqué à cause des attaques).

Traditionnellement, les musulmans tiennent le commerce de proximité tandis que les chrétiens ont investi la fonction publique. Cette répartition paraît convenir aux membres des deux communautés.

Néanmoins, le souvenir de mosquées ou d’églises incendiées reste encore très présent dans les esprits.

Les milices armées anti-balakas (chrétiennes) ou selekas (musulmanes), pourtant porteuses d’aucun message religieux ou politiques, ont attisé les tensions entre des communautés qui, jusqu’en 2013, cohabitaient pacifiquement.

Aujourd’hui, les musulmans et les chrétiens de Centrafrique espèrent que ces tragiques événements appartiennent à un passé révolu. Cette année, le Ramadan coïncide avec le Carême. Imams, pasteurs et prêtres, prêchent l’entente entre les communautés et dispensent un message de paix.

Dans le climat de perte de repères qui règne en Centrafrique, cette attitude en faveur de la défense de la dignité humaine mérite d’être soulignée et incline à l’optimisme. Cela ne doit pas nous empêcher de rester vigalants.

Patrick David

Docteur en droit

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