L’adoption du bitcoin comme monnaie officielle aux côtés du F CFA ressemble à une gesticulation de plus du président d’un Etat failli.
Faustin-Archange Touadéra tente de faire oublier que son pays est l’un des plus pauvres du monde ( il se situe au 8ème rang ) et que la paix n’est pas rétablie sur l’ensemble du territoire. Les milices armées sont toujours présentes et occupent des sites miniers. Elles n’ont pas complètement renoncé à la violence. Une grande partie de la population centrafricaine souffre de malnutrition chronique sévère. Il veut faire également oublier l’échec du Dialogue national républicain.
Par ailleurs, le président Toudéra en déclarant que » les mathématiques sont le langage de l’univers « et que le » bitcoin est une monnaie universelle « , semble ignorer que 89% de la population n’a pas accès à internet et que la corruption existe à tous les étages du pouvoir et tous les niveaux de l’administration.
Le communiqué de la présidence centrafricaine indique que ce choix fait de la Centrafrique » un des pays les plus audacieux et les plus visionnaires d’un monde « . Il ne suffit pas d’être le premier pays africain et le second pays au monde avec le Salvador pour s’en convaincre.
Le bitcoin est un choix économique très contestable car sa valeur fluctue énormément. Le bilan de l’expérience du Salvador est loin d’être convaincant. Pour toutes ces raisons, le FMI est méfiant et très réticent concernant l’usage des cryptomonnaies.
Enfin, on peut se demander si ce n’est pas la Russie qui a inspiré cette décision. Le recours au bitcoin est pour elle un moyen de contourner les sanctions économiques dont elle fait l »objet. Outre une porte d’entrée sur le continent africain, la Centrafrique offre des ressources en or et en diamants non négligeables.
Patrick David
Docteur en droit