Si l’on en croit « Fraternité Matin » du 5 mai 2022, Dominique Ouattara a reçu en audience, hier, Jean-Sylvain Emien Mambé qui sera ordonné évêque le 7 mai 2022 par le cardinal italien, Pietro Parolin, secrétaire d’Etat de la Cité du Vatican.
Le nouvel ambassadeur du Vatican au Mali était accompagné par Norbert-Eric Abekan (curé de la paroisse Sainte Famille de la Riviera 2) et Mathias Agnero (curé de la paroisse Saint Jean-Paul II d’Angré 8ème tranche).
Après la rencontre, l’abbé Emien Mambé a fait la déclaration suivante : « C’est d’abord une visite de courtoisie parce qu’étant la première dame, il était important que le nonce nommé vienne lui rendre visite, et se présenter à elle. Aussi, se confier à elle et lui demander ses conseils. Etant première dame, elle peut nous donner des conseils pour notre mission qui est une mission délicate du point de vue politique et diplomatique. Nous sommes également venus lui dire merci pour son engagement et pour les œuvres de charité qu’elle fait dans ce pays, et son action auprès du président de la République » (Sur notre photo, le nonce apostolique ivoirien chez la première dame de Côte pour avoir des conseils sur son travail au Mali où le président Ouattara n’est pas considéré comme un ami).
A moins que cela m’ait échappé, j’ignore si un évêque a déjà rendu visite à un fidèle laïc pour recueillir ses conseils avant de commencer son travail. Habituellement, c’est l’inverse qui se produit. Ainsi, Patrick Achi, nommé premier ministre, alla saluer les guides religieux d’Abidjan et bénéficier de leurs conseils et bénédictions.
Mambé serait allé voir un évêque retraité comme Mgr Paul Dacoury-Tabley (Grand-Bassam) ou Mgr Maurice Konan Kouassi (Daloa) que cela aurait eu plus de sens parce que ces anciens évêques ont une longue et riche expérience dans le domaine. Ils sont bien placés pour dire à un nouvel évêque ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter de faire en tant que berger. Ils lui auraient fait savoir qu’un berger n’a pas pour rôle de se pavaner avec des dictateurs ni de baiser la main d’un criminel mais de prendre fait et cause pour le peuple opprimé, exploité et bâillonné.
Un évêque ne peut et ne doit se confier qu’à Dieu, pas à de pauvres mortels, pas à une personne sur la richesse de qui pèsent de graves soupçons.
Pourquoi Mambé ne rend-il pas visite aux pauvres d’Adjouffou ou d’Abobo-derrière rail ? N’a-t-il pas besoin de leurs conseils et prières ? Les ignore-t-il parce qu’ils sont dans l’incapacité de lui donner des millions ? Toujours cette course à l’argent ! Quelle incohérence et quelle indécence de la part de ces gens censés avoir fait vœu de pauvreté et qui nous enseignent dans les prédications qu’il faut chercher d’abord le Royaume des Cieux !
Quand on sait que ce n’est pas le grand amour entre Alassane Ouattara et les dirigeants actuels du Mali, on est en droit de se demander ce que peut bien signifier la phrase suivante : »Etant première dame, elle peut nous donner des conseils pour notre mission qui est une mission délicate du point de vue politique et diplomatique. » La diplomatie ne rime-t-elle pas avec discrétion ? Mambé et ses accompagnateurs avaient-ils besoin de s’afficher ostensiblement avec Dominique Ouattara ? Que veulent-ils prouver aux Ivoiriens ?
Si j’étais une autorité malienne ou un simple citoyen malien, je serais attentif aux faits et gestes du nouvel ambassadeur du Vatican à Bamako.
Le Mali qui se bat courageusement pour briser le joug français ne doit rien négliger. Tous les collabos de la France, quel que soit leur métier ou rang, doivent être combattus.
Diplomatie, d’accord mais vigilance d’abord !
Jean-Claude DJEREKE
est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).