Le ministère des Finances centrafricain a annoncé des coupes sombres de l’ordre de 40 % à 60 % sur plusieurs de ses lignes budgétaires. Il n’a pas apporté de précisions sur les ministères concernés. Il ne faudrait pas que le ministère de l’Education nationale soit, une nouvelle fois, sacrifié. On manque de professeurs, de livres scolaires dans le primaire, dans les collèges, surtout en province.
Ces annonces inquiètent nombre de fonctionnaires. Ce n’est pas nouveau. Depuis l’indépendance, les fonctionnaires centrafricains sont régulièrement confrontés à des retards de paiement de leurs traitements. Ces retards ont pu atteindre deux années. Ceci conduit très souvent les agents publics à exercer un deuxième métier et explique, sans excuser pour autant, la corruption qui existe à tous les niveaux de l’administration.
Ces problèmes récurrents de déséquilibre des finances publiques ont plusieurs causes : le manque de rigueur budgétaire, des dépenses somptuaires, des détournements de l’argent public. A cela, il faut ajouter le pillage, ces dernières années, des ressources naturelles (or, diamants. . .) par les milices armées.
En 2022, la situation s’est aggravée. Le pays connaît une forte inflation. La Centrafrique ne peut plus compter sur certains appuis budgétaires extérieurs dont l’aide de la France pour procéder au paiement des traitements des fonctionnaires. Le soutien du FMI et de la Banque mondiale est clairement posé. Il faut savoir que le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), le Tchadien, Abbas Mahamat Tolli, a été surpris d’apprendre par voie de presse la promulgation, le 22 avril dernier, par le président centrafricain de la loi sur la cryptomonnaie (notre photo).
Par ailleurs, il n’est pas certain qu’une partie de l’argent public ne soit pas versée aux mercenaires de la société Wagner qui, après avoir été mis en cause par les experts de l’ONU, sont accusés par Human Rights Watch de meurtres et de tortures contre les civils.
Il est évident que la Banque mondiale va continuer à apporter son soutien à la Centrafrique, mais en le conditionnant à un renforcement de la gestion financière et de l’environnement réglementaire.
Manifestement, le président centrafricain ne peut se tourner vers la Russie, l’alliée du moment, pour solliciter une aide financière.
Ce constat est une raison suffisante pour reéquilibrer sa politique étrangère.
Patrick David
Docteur en droit