AFFAIRE DU SEA-WATCH : Le ton monte entre Italie, France et Allemagne

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« Ce n’était pas un acte de violence, seulement de désobéissance », a assuré la jeune Allemande de 31 ans dans une interview au Corriere della Sera, alors qu’elle est accusée d’avoir obligé une vedette de la police chargée de l’empêcher d’accoster à s’éloigner sous peine d’être écrasée contre le quai.

« Mon objectif était seulement d’amener à terre des personnes épuisées et désespérées », a-t-elle ajouté, expliquant avoir craint que des migrants se jettent à l’eau pour tenter de gagner la rive alors qu’ils ne savaient pas nager.

Arrêtée dans la nuit de vendredi, 28 juin, à samedi, 29 juin, elle a été placée aux arrêts domiciliaires (un contrôle judiciaire sous forme d’assignation à résidence) chez une habitante de Lampedusa et devait être présentée à un juge d’Agrigente (Sud) en début de semaine.

La jeune femme, qui a présenté des excuses pour sa manœuvre risquée, a été arrêtée pour « résistance à un navire de guerre » et risque pour cela jusqu’à 10 ans de prison.

Elle fait, également, l’objet d’une enquête pour aide à l’immigration clandestine et pour avoir forcé, mercredi, 26 juin, le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), en vertu d’un décret-loi entré en vigueur mi-juin pour lutter contre les navires d’ONG qu’il accuse d’êtres complices des passeurs.

Le gouvernement français, qui a accepté d’accueillir 10 des migrants du Sea-Watch, a dénoncé, dimanche, 30 juin, une « stratégie d’hystérisation » de la part du ministre italien.

« L’Italie a bénéficié d’environ un milliard d’euros d’aide de l’Union européenne » pour les migrants, a assuré la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye. « M. Salvini instrumentalise politiquement des trajectoires et des faits qui sont douloureux en expliquant que la France et l’Union européenne ne sont pas solidaires ».

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a, pour sa part, déclaré s’attendre qu' »un pays fondateur de l’Europe » comme l’Italie « gère une telle affaire autrement ». Samedi, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, avait réclamé une « clarification rapide » sur les accusations pesant contre Carola Rackete.

« Au président allemand, nous demandons courtoisement de s’occuper de ce qui se passe en Allemagne et, si possible, d’inviter ses concitoyens à éviter d’enfreindre les lois italiennes », a répliqué M. Salvini.

Et « vu que le gouvernement français est si généreux, au moins en paroles, avec les immigrés, nous enverrons les éventuels prochains bateaux vers Marseille » (Sud de la France), a-t-il ajouté.

Lui qui avait parlé samedi d’un « acte de guerre » a réfuté dimanche « l’état de nécessité » invoqué par la capitaine du Sea-Watch : « Si aucun des migrants à bord n’avait de problèmes de santé, de quelle nécessité parlait-elle  » ?

Mais, la fermeté de M. Salvini n’a pas, complètement, bloqué les arrivées de migrants : plus d’un millier ont débarqué en juin, selon son ministère, et 55 autres, parmi lesquels quatre bébés, étaient en route dimanche soir. Repérés au Sud-Ouest de Lampedusa par le navire humanitaire espagnol, Open Arms, après trois jours en mer, ils ont été secourus par la police italienne, pour certains, dans un état de forte déshydratation.

Outre la controverse, l’arrestation de Carola Rackete a, aussi, généré un vaste élan de solidarité en Europe : une collecte lancée par deux vedettes de la télévision allemande dépassait dimanche soir les 620.000 euros, tandis qu’une autre lancée par un militant italien atteignait 412.000 euros (notre photo). Et l’ONG n’était pas en mesure de communiquer la somme des dons reçus directement sur son site.

Dans un entretien, dimanche, 30 juin, au groupe de presse allemand, RND, le père de la jeune femme, Ekkehart Rackete, a dit avoir parlé à sa fille samedi soir et l’avoir trouvée « joyeuse et de bonne humeur ». Il a, aussi, assuré être moins inquiet pour elle actuellement que lorsqu’elle traversait la Chine en auto-stop.

Avec AFP

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