Ce scandale empoisonne Jacob Zuma, depuis décembre 2007, alors qu’il était chef du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC) : il avait été inculpé de corruption, fraude fiscale et racket pour la signature d’un contrat d’armement de 4,8 milliards de dollars conclu en 1999.
En 2009, le parquet général avait, finalement, retiré, pour vice de forme, les charges contre Jacob Zuma, quelques semaines, seulement, avant son élection à la présidence de l’Afrique du Sud. Malheureusement, l’affaire connaît un grand rebondissement.
« La décision d’abandonner les charges contre M. Zuma est irrationnelle et doit être revue », a, en effet, indiqué ce vendredi, 29 avril, le juge de la Haute Cour de Pretoria, Aubrey Ledwaba.
« M. Zuma devrait être poursuivi pour ces charges », a poursuivi le magistrat.
A l’époque, les avocats de Jacob Zuma avaient utilisé des enregistrements d’écoutes téléphoniques entre l’ancien chef du parquet et un policier de haut rang, pour convaincre la justice que leur client était victime d’un complot et obtenir l’abandon des charges.
Mais, au terme d’une longue bataille judiciaire, le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a obtenu ces enregistrements, en septembre 2014. Estimant que les charges ont, en réalité, été abandonnées pour des raisons politiques, il a saisi la justice qui lui a donné raison ce vendredi.
« C’est une grande victoire pour l’état de droit. Finalement, Jacob Zuma doit être poursuivi, nous sommes vraiment ravis », s’est réjoui Mmusi Maimane, le jeune président de la DA, présent au tribunal.
« Nous pensons que c’est un jugement significatif qui veut dire que les décisions du parquet ne peuvent être en contradiction avec la loi », a-t-il ajouté.
Cette décision de la Haute Cour de Pretoria ouvre, en effet, la possibilité pour le parquet de rétablir les accusations contre le président Zuma. Ce qu’annoncent, non seulement, le parti DA, mais aussi, Julius Malema, qui avait, il y a quelques jours, juré de pousser Zuma à la démission. Ces deux jeunes leaders politiques qui se distinguent, tiennent Zuma, par la barbichette. Ils sont décidés à l’abattre politiquement.
Prenant acte de la décision, la présidence a, simplement, rappelé, dans un communiqué laconique qu’il n’y avait « aucune action en justice en cours » contre M. Zuma. Ce qui est vrai, mais, demain, il y en aura contre lui venant au moins de deux partis politiques.
Ce jugement fragilise un peu plus le chef de l’Etat, affaibli par plusieurs scandales ces dernières semaines.
En mars, la plus haute juridiction du pays l’avait reconnu coupable de violation de la Constitution pour n’avoir pas remboursé une partie des 20 millions d’euros (13 milliards de F CFA) d’argent public utilisés pour rénover sa résidence privée.
Pour le moment, le président sud-africain fait front et bénéficie, officiellement, du soutien de son parti.
Mais, selon des analystes, cette nouvelle procédure judiciaire pourrait ternir un peu plus son image à trois mois d’élections municipales à haut risque pour l’ANC.
Dans cette affaire, son conseiller financier, Schabir Shaik, avait été condamné, en 2005, à quinze ans de prison pour avoir, notamment, sollicité des pots-de-vin du Français, Thomson-CSF (devenu Thales). Il avait, finalement, été libéré pour raisons médicales, en 2009, l’année où Jacob Zuma est devenu président. Simple coïncidence ?
La saga judiciaire est, probablement, loin d’être terminée puisque la décision rendue, ce vendredi, par le tribunal de Pretoria est susceptible d’appel.
On peut, toutefois, se demander à quel moment de la journée Jacob Zuma peut avoir la tête reposée pour s’occuper, réellement, des dossiers du pays ?