A défaut d’être seule et unique, comme avant, pour investir en Afrique, la France, aujourd’hui, en totale perte de vitesse, sur le plan financier, voudrait s’allier au Maroc (dont les ambitions africaines sont connues) pour regagner les parts de marché perdues en Afrique, au profit des pays émergents dont la Chine. C’est la raison principale du voyage du premier ministre, Edouard Philippe, au Maroc. En Afrique, la France et le Maroc veulent devenir partenaires et concurrents.
Que ne ferait pas la France pour récupérer ses parts de marché gagnées par les pays émergents, en particulier, la Chine ? Ne pouvant plus, financièrement, agir en Afrique comme il y a quelques années, à cause de ses insurmontables problèmes économiques, la France veut, désormais, s’allier au Maroc pour faire, ensemble, ce qu’elle ne peut plus faire toute seule. C’est la raison du voyage du premier ministre, Edouard Philippe, au Maroc. Objectif : devenir partenaires mais aussi concurrents sur le continent africain. Les deux pays devront mieux s’organiser pour mieux contrer l’influence chinoise qui est grandissante.
Aujourd’hui, 800 filiales d’entreprises françaises, dont 33 du CAC40, sont implantées au Maroc et les investissements étrangers sont pour un tiers hexagonaux. « Mais les parts de marché françaises s’érodent », a déploré le premier ministre, arrivé, mercredi, 15 novembre, soir, pour une visite de 24 heures au Maroc, sa deuxième hors de l’Union européenne après la Tunisie.
Lors d’un forum économique franco-marocain, Edouard Philippe a, aussi, invité les « entreprises françaises à se développer à partir de la plate-forme marocaine ».
Le premier ministre marocain, Saad Eddine El Othmani, a, lui, rappelé que le royaume ambitionnait de devenir « le pôle d’excellence du continent africain » en appelant à « davantage de coopération pour investir en Afrique » et développer « ce continent d’avenir (…) dans une logique de gagnant-gagnant ».
Le roi, Mohammed VI, a mené, ces dernières années, une politique africaine très active, marquée en début d’année par le retour du royaume au sein de l’Union africaine (UA) après plus de trente ans d’absence. Le Maroc est, aussi, l’un des pays qui contrent, farouchement, la percée de l’Etat d’Israël en Afrique. Le premier Sommet Afrique-Israël, qui était prévu, à Lomé, du 23 au 27 octobre 2017, a été saboté par les pays arabes (comme le Maroc) qui ont une vue hégémonique sur l’Afrique. Israël propose une technologie et des moyens importants, qui constituent une offre toute aussi intéressante pour les pays africains. Dans des pays arabes ou du Maghreb, ce rapprochement entre l’Etat hébreu et le continent noir est vu d’un très mauvais œil.
Soutenu par la France dans ses ambitions, le royaume du Maroc se prépare à intégrer la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), une adhésion qui doit être actée d’ici la fin de l’année. Elle aurait dû se faire, lors du Sommet de la CEDEAO, à Monrovia, en mai 2017, si le roi du Maroc ne l’avait pas, finalement, boudé à cause de la présence du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu. Ce dernier était l’invité personnel de la présidente libérienne, Ellen Johnson Sirleaf.
La visite au Maroc du premier ministre français, accompagné de dix ministres et secrétaires d’Etat (notre photo), de Nicole Belloubet (Justice) à Elisabeth Borne (Transports) en passant par Jean-Michel Blanquer (Education), Françoise Nyssen (Culture) et Laura Flessel (Sports), a, également, permis aux deux pays de signer une vingtaine d’accords.
Au-delà des affaires africaines, le Maroc et la France ont décidé de renforcer leur coopération dans de multiples secteurs, comme la transition énergétique, l’électricité renouvelable, le transport ferroviaire -avec la première ligne à grande vitesse du continent déjà en cours de construction- et les liaisons maritimes -grâce notamment à la modernisation du port de Tanger.
Autour de la jeunesse et de l’éducation, un des thèmes majeurs de la visite, plusieurs textes consacrent une coopération franco-marocaine pour la formation des enseignants, les échanges universitaires, le développement des sections internationales francophones ou l’amélioration de l’enseignement de l’arabe dans les écoles françaises du Maroc.
Quatre décennies après le lancement de la politique d’arabisation décidée par le roi, Hassan II, il s’agit de développer l’enseignement bilingue dans ce pays, alors que différentes études ont montré que le niveau scolaire pour les langues étrangères, à commencer par le français, n’a cessé de régresser.
La création d’une école supérieure des Arts et métiers au Maroc a, également, été actée, après l’implantation de cinq grandes écoles françaises ces dernières années, dont l’Essec, où Edouard Philippe s’est rendu en clôture de son déplacement.
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