AFRI
La plus belle fille du monde ne peut offrir que ce qu’elle a, dit un proverbe bantou. Pays (encore) émergent, au niveau de son économie et surtout de son industrie, la Russie est une superpuissance mondiale (avec les Etat-Unis) au niveau de son industrie militaire et ses renseignements. Voilà pourquoi Washington respecte Moscou et tient compte de ses positions au Conseil de sécurité des Nations-Unies. A défaut de fournir les capitaux aux pays africains comme la Chine ou d’y favoriser la coopération sur le plan économique, industriel ou culturel, la Russie offre son savoir-faire sur le plan militaire. C’est le cas en Guinée équatoriale où elle entretient une base navale primaire, et de plus en plus en Centrafrique et au Burkina Faso où elle va soutenir Ouagadougou dans sa lutte contre le terrorisme islamique. En Egypte, Moscou est revenu à sa coopération d’antan, avec une base militaire qui lui permet d’avoir l’oeil sur les mouvements militaires occidentaux dans la sous-région. On remarque que la montée en puissance de la Russie se fait au moment où, faute de moyens, les pays occidentaux à l’exemple de la France, commencent à battre en retraite. L’Afrique coûte trop cher, entend-on dire, par exemple, à Paris.
La Russie a signé, mardi, 20 août, un accord renforçant ses liens militaires avec le Centrafrique, mis en lumière, récemment, par l’assassinat de trois journalistes russes enquêtant sur la présence de mercenaires russes dans ce pays à qui Moscou fournit des armes et des instructeurs militaires (notre photo).
Cet accord, dont les détails n’ont pas été publiés, « va contribuer à renforcer le renforcement de nos liens dans le domaine de la défense », a souligné le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, cité par les agences russes après la signature d’un accord intergouvernemental avec son homologue centrafricaine Marie-Noëlle Koyara.
Le Centrafrique est vu « comme un partenaire prometteur sur le continent africain », a ajouté le ministre russe, présent à l’inauguration d’un forum militaire à Koubinka (région de Moscou).
Selon Mme Koyara, le document porte, notamment, sur la formation des Forces armées centrafricaines (FACA).
Depuis le début de l’année, la Russie a envoyé en Centrafrique cinq officiers militaires et 170 instructeurs civils, et a livré des armes à l’armée nationale après avoir obtenu une exemption à l’embargo de l’ONU.
Elle assure, également, la sécurité du président, Faustin-Archange Touadéra, dont le conseiller à la sécurité est un Russe. La présence militaire centrafricaine énerve à Paris au plus haut point. Bangui rétorque en disant que l’armée française a quitté le Centrafrique quand le pays en avait le plus besoin. Paris avait fait valoir le coût exorbitant des dépenses que cette présence engendrait. Mardi, 20 août, le président Touadéra s’est rendu, à Oyo, rencontrer son homologue, Denis Sassou-Nguesso, pour des entretiens secrets dont on ne connaît pas la portée exacte. Les relations militaires entre Moscou et Bangui devaient bien être au menu de leurs discussions qui pendront fin, aujourd’hui, avec le retour à Bangui du président centrafricain.
L’implication croissante de la Russie en Centrafrique s’inscrit dans une stratégie de reconquête géopolitique et économique plus large du Kremlin sur le continent africain.
Sergueï Choïgou a rappelé mardi les liens qui unissaient le Centrafrique et l’URSS dans les années 1960 et 1970, quand, selon lui, jusqu’à 150 conseillers soviétiques y travaillaient.
Il a, également, signé un accord militaire avec le Burkina Faso, le même mardi, 20 août, qualifiant ce pays de « partenaire prometteur », notamment, dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.