Le numéro double 492-493 de décembre 2020-janvier 2021 d’Afrique Education est disponible chez vos marchands de journaux. Depuis avril, le confinement nous freine, et beaucoup même, mais il ne nous empêche pas de mettre votre magazine à votre disposition. En temps et en heure. Malgré les difficultés, nous plions mais nous ne rompons pas. Inch’Allah nous sommes et serons sur le marché pour vous informer toute l’année 2021, comme il se doit, avec des analyses qui font parfois froid au dos et que vous ne trouvez nulle part ailleurs. Nous ne roulons pour personne, sinon, pour l’Afrique et les Africains.
C’est pourquoi nous saluons, avec force, la très sage décision du président du Niger, Ingénieur, Mahamadou Issoufou, de quitter le pouvoir après avoir fait ses deux mandats constitutionnels. Ce cas mérite d’être signalé car il est unique en son genre en Afrique francophone où les chefs d’Etat cherchent, plutôt, à s’accrocher au pouvoir. Mahamadou Issoufou n’a nullement cherché à imiter les présidents de Guinée, Alpha Condé, et de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, qui sont en train de plonger leurs pays dans une crise profonde en voulant s’octroyer un 3e mandat illégitime que leur interdit la constitution.
En 2021, nous continuerons, dans cette logique, à dire ce que nous pensons juste et à dénoncer ce que nous croyons injuste. Quel qu’en soit le coût.
Voici le sommaire du numéro double 492-493 de décembre 2020-janvier 2021 d’Afrique Education
Nous vous invitons, dès à présent, à prendre votre magazine chez votre marchands de journaux : les sujets traités sont intéressants les uns plus que les autres, comme l’indique le sommaire ci-dessus. L’éditorial, par exemple, parle de la responsabilité des Africains dans la décadence qui frappe leur continent. Voici la lecture de cet éditorial en intégralité.
AU SECOURS DES IDEES Par Paul TEDGA
AFRIQUE : LA RESPONSABILITE DES AFRICAINS DANS LA DECADENCE DE LEUR CONTINENT
Congo-Brazzaville, Gabon, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Togo, Guinée, Tchad, Centrafrique, etc. On entend les mêmes récriminations : la France a fait ceci, les Etats-Unis ont fait cela, les Occidentaux maintiennent tel chef d’Etat au pouvoir. A écouter certains frères et sœurs d’Afrique, les Occidentaux ont, pratiquement, le droit de vie et de mort sur le continent africain. Peut-être ! Mais à qui la faute ?
Prenons, par exemple, le cas de la France, qui n’a pas bonne presse sur le continent noir. C’est le moins qu’on puisse dire. Regardez le rapport de force entre elle et l’Afrique : d’un côté, l’Afrique compte 1 milliard de personnes dont un bon tiers de francophones. La France, elle, n’a que 67 millions d’habitants parmi lesquels un dixième d’Africains. Autrement dit, il y a, en gros, 7 Français pour 100 Africains, en moyenne. Le rapport est là, très avantageux pour les Africains. Mais, comment se fait-il que les Africains soient toujours là, à pleurnicher après la France : Ah Paris a fait ceci. Ooh Paris a fait cela. La France ne nous laisse pas tranquille. On entend les mêmes plaintes à l’égard des autres pays occidentaux. Je repète : 7 Français existent sur cette terre pour une centaine d’Africains. Le rapport de force n’est-il pas du côté de l’Afrique ?
Le président français, Emmanuel Macron, vient de s’exprimer sur l’élection présidentielle en Guinée et en Côte d’Ivoire. Deux pays francophones, sous domination française, dont les chefs d’Etat, Alpha Condé pour la Guinée et Alassane Ouattara, pour la Côte d’Ivoire, viennent d’obtenir, de manière illégale, un 3e mandat anticonstitutionnel dont ils n’avaient pas droit : la constitution limitait le nombre de mandats à deux. Deux mandats qu’ils ont déjà effectués.
Mais, dans une logique qui ferait retourner Descartes dans sa tombe, Emmanuel Macron a condamné Condé là où il a trouvé des circonstances atténuantes à Ouattara. C’est comme si la constitution devenait une loi à géométrie variable. Applicable à la tête du client. C’est la preuve que ce sont les Occidentaux (comme Macron) qui foutent le bordel en Afrique en encourageant les dirigeants africains (comme Ouattara) à prendre des libertés sur les lois (fondamentales) de leurs pays. Pour le président français, en effet, Alassane Ouattara pouvait tordre le cou à la constitution de son pays parce que le candidat qu’il avait choisi pour cette élection est décédé deux mois avant le scrutin et il s’est trouvé sans aucun autre candidat valable dans son grand parti qu’est le RHDP, pour le remplacer. Ce serait donc un cas de force majeure ! Foutaise !
Emmanuel Macron n’aurait jamais tenu une telle réflexion concernant un pays arabe, ni même un pays asiatique. Les pays d’Europe de l’Est, eux, ne se laissent point faire. Il se permet un tel écart de langage parce qu’il s’agit de l’Afrique où personne ne lui fera la leçon. Et quand bien même on lui ferait cette leçon, elle entrerait par l’oreille droite pour sortir par l’oreille gauche. Sinon, comment comprendre que le jeune président français ait tenu des propos d’une grande virulence sur le professeur d’histoire, Samuel Paty, décapité par un extrémiste musulman dans les Yvelines, propos qui ont entraîné une vague de protestations dans les pays arabes, et au même moment, le même Macron a soutenu Alassane Ouattara dont les miliciens (microbes) ont décapité, de la même manière, un jeune Ivoirien, Toussaint N’Guessan Koffi, dans la ville de Daoukro, juste parce qu’il manifestait pour l’opposition. Plus grave, après l’avoir décapité, les miliciens de Ouattara ont commencé à jouer au football sa tête tranchée. Une horreur inqualifiable ! Le président français le sait, pertinemment, puisqu’il a vu les vidéos qui circulaient dans les réseaux sociaux. L’ambassade française en Côte d’Ivoire a dû lui remonter toutes ces informations, les faits étant d’une gravité exceptionnelle. Ce mépris, pour qu’il cesse, exige une détermination forte des peuples d’Afrique. Car cette politique de deux poids deux mesures, ne s’explique que parce que l’Africain ne compte pas aux yeux des dirigeants occidentaux comme Macron. Pourtant, avec 7 Français pour 100 Africains, la peur devrait se situer dans l’autre camp.
Africains, cessez de trembler ! Vous êtes trop mous ! Trop peureux ! Trop amorphes ! « Soyez garçons » !
Parlant des Ivoiriens, sans violence, sans rien casser, sans détruire aucun bien, ils pourraient utiliser l’arme économique. Au lieu de s’émouvoir des félicitations de Macron à Ouattara, pourquoi ne commencent-ils pas à boycotter les produits des entreprises françaises tout en réfléchissant à d’autres actions pour faire payer son soutien à ce président tribaliste et communautariste ? Car la réalité est là : depuis que les Ivoiriens crient et pourfendent leur hypocrisie, leurs mensonges et crimes, les autorités et hommes d’affaires français ont-ils changé de comportement ? Bien sûr que non ! Que reste-t-il alors à faire ? Le boycott des produits français. Oui, il faut frapper la France au portefeuille. Il faut frapper les Occidentaux au portefeuille. Il faut cesser de les enrichir alors qu’ils ne cessent d’appauvrir l’Afrique. Ne leur donnons plus notre argent !
La France, pour parler d’elle, n’est plus dans une position économiquement dominante. Au contraire, elle ne cesse de battre en retraite, à perdre des positions dans le monde. Elle est empêtrée dans une crise économique et de société quasi-mortelle. Son budget est en déficit de plus de 130 milliards d’euros pour 300 milliards de recettes ; son taux de chômage est à 9 % et va sans doute s’envoler dans les mois qui suivent. La France dégringole, rapidement, dans le classement des puissances industrielles : de quatrième puissance mondiale dans les années 2000, elle est, désormais, sixième et des augures économiques annoncent une descente à la dixième place en 2030. Le sentiment d’un désastre économique total, d’un déclassement et d’une chute dans les abîmes, font que ce n’est pas volontairement que ses dirigeants mettront fin à la Françafrique alors que celle-ci est le (seul et unique) réseau qui continue de la nourrir comme au temps colonial. Il appartient, donc, aux Africains en général et aux Ivoiriens en particulier de mettre à profit la technique du boycott des produits et marchandises français et montrer que 100 Africains ne peuvent pas être dominés par 7 Français.
Que les Africains (les Ivoiriens) arrêtent de pleurnicher. Car personne ne les écoute. Qu’ils prennent leur destin en main et se fassent respecter. Comme des Hommes !
Excellentes fêtes de fin d’année et Meilleurs Voeux pour 2021.