Le patron de la milice Wagner, Evguéni Prigojine, a publié, mercredi, 19 juillet, une vidéo impossible à identifier dans laquelle il déclare que ses mercenaires ne combattront plus en Ukraine mais en Afrique. Le groupe paramilitaire est, déjà, présent dans une dizaine de pays du continent. Il se fait payer en exploitant des mines, de préférence, d’or. Cette option africaine semble être le nouveau deal entre lui et le président, Vladimir Poutine, sauf que l’affaire est loin d’être finie car la stratégie du président russe consiste à faire intégrer, entièrement, la société Wagner au sein du ministre russe de la Défense. En Afrique même, les Etats qui accueillent Wagner sur leur sol, sont beaucoup plus rassurés de travailler avec le Kremlin qu’avec Evgueni Prigojine. D’où la question de savoir le sort exact que Poutine prédestine à Prigojine. Cela dit, Wagner (qu’on dit entièrement en Afrique bientôt) est, d’ores et déjà, annoncé en Biolorussie d’où ses mercenaires iraient attaquer la ville ukrainienne de Tchernihiv située à seulement 141 km de Kiev. On se rappelle que Kiev fut le premier objectif de Poutine, avant de reculer quand ses soldats y trouvèrent une résistance farouche. Kiev semble toujours être dans la ligne de mire de Poutine. Ce qui fait que les Ukrainiens, surtout, ceux qui habitent cette zone du pays, sont de plus en plus inquiets. D’autre part, signe que ce déplacement de Wagner vers Tchernihiv via la Biolorussie doit être pris au sérieux, les pays baltes et la Pologne envoient, déjà, des troupes pour renforcer leurs lignes de défense à la frontière.

Avant son intervention en Ukraine, où il a notamment conduit la prise de la ville de Bakhmout après un siège sanglant pendant plusieurs mois, le groupe paramilitaire avait, déjà, aidé l’armée russe à annexer la péninsule de Crimée, en 2014.

Souvent véhément à l’encontre du ministère russe de la Défense pour son traitement des combattants de Wagner, Evguéni Prigojine a lancé le 23 juin une rébellion qui a pris fin le lendemain, avec un accord avec le Kremlin dans le cadre duquel le patron de Wagner et une partie de ses troupes ont été autorisés à se rendre en Biolorussie.

« Nous avons combattu avec honneur. Vous avez fait beaucoup pour la Russie », a dit le chef de Wagner à ses hommes. Il leur a, aussi, demandé de bien se comporter avec les locaux, de mener à bien l’entraînement de l’armée biélorusse et de rassembler leurs forces pour « un nouveau voyage en Afrique ». Mais, ce qu’il ne dit pas, c’est que Wagner ne va pas se limiter en Biolorussie sans pénétrer l’Ukraine pour prendre Tchernihiv.

« Peut-être que nous reprendrons un jour l’Opération militaire spéciale, si nous sommes sûrs de ne pas être forcés à nous couvrir de honte ». Pourquoi pas, au moment où on constate l’enlisement de la contreoffensive ukrainienne qui fait pratiquement du surplace alors qu’on l’annonçait foudroyante pour l’armée russe. Avec l’inflation qui renchérit le coût de la vie des Européens et l’arrivée à grands pas de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, Poutine voit, sans doute, que le temps joue en sa faveur, ce qui pourrait le pousser à se lancer, à nouveau, sur Kiev, qu’il n’a pas pu contrôler en février 2022. Et cette fois, avec de fortes chances de s’y installer. Cette hypothèse n’est pas d’école. La guerre Russie-Ukraine réserve encore des secrets.