Cette question ne devrait même pas être posée. Mais dans un monde qui connaît l’inversion des valeurs et des priorités, une ONG comme « Aide et Action » dont la principale spécialité est de promouvoir l’éducation dans le monde, surtout, en Afrique, en est venue à le rappeler aux dirigeants dont ce n’est plus la priorité : « L’éducation est une urgence ». L’Afrique étant la partie du monde où les besoins dans ce secteur se font le plus sentir, « Aide et Action » a choisi un pays du continent, le Togo, où ses actions ont bonne allure pour marquer sa rentrée en organisant, dans les locaux de son ambassade à Paris, une exposition, justement, intitulée « L’éducation est une urgence ».
« Je ne voudrais pas m’étendre sur l’ensemble de vos réalisations dans mon pays, mais permettez-moi de mentionner les principales menées dans presque toutes les régions, notamment, la construction et l’équipement de centres préscolaires, la formation d’éducatrices, la sensibilisation à l’hygiène des tout petits, l’appui à la réforme du collège, etc. A partir de Lomé, la capitale togolaise, vous conduisez aussi plusieurs projets dans un certain nombre de pays africains. Je me réjouis, donc, de l’ensemble de l’œuvre d’Aide et Action dans le monde et, particulièrement, de ce que votre engagement soit placé au-dessus des considérations politiques et religieuses. C’est en cela que réside la noblesse de votre action ». C’est par ces mots que l’ambassadeur du Togo en France, Calixte Batossié Madjoulba, a salué l’action de l’ONG Aide et Action dans l’éducation au Togo et sur le continent africain.
Plus précisément, Aide et Action, c’est une présence dans dix pays : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Madagascar, Maroc, Niger, Sénégal et Togo. C’est, en tout, 22 projets qui profitent à 1.307.875 bénéficiaires dont 1.270.573 enfants, écoliers et jeunes, et 28.369 adultes dont 8.084 enseignants dans 6.543 écoles, pour un coût total de 7.870.532 euros en 2017. La Guinée se trouve en pole position des pays bénéficiaires avec près de 1,5 million d’euros tandis que le plus petit bénéficiaire se trouve être, pour le moment, le royaume du Maroc avec 7.700 euros.
Si on peut saluer les efforts de cette ONG qui est présente dans près de 20 pays dans le monde, mais aussi, dans les pays nantis comme la France et la Suisse, on ne doit pas perdre de vue les efforts réalisés par les Etats africains eux-mêmes, ce que n’a pas manqué de rappeler l’ambassadeur, Calixte Batossié Madjoulba : « Le gouvernement togolais ne cesse de prendre des mesures pour améliorer continuellement l’accessibilité et la qualité de l’éducation pour tous. Parmi les multiples réformes menées, je voudrais mentionner la gratuité de la scolarité primaire, qui est en vigueur depuis plusieurs années, et les chantiers actuels des cantines scolaires dont les résultats encourageants nourrissent l’ambition de leur généralisation à l’ensemble du pays, et de couverture de l’assurance maladie aux élèves du niveau primaire et secondaire des écoles publiques. En effet, pour l’année scolaire 2017-2018, le programme des cantines scolaires a permis d’offrir plus de 7 millions de repas à 91.319 élèves. Ces réformes entreprises dans le secteur de l’éducation ont permis au Togo d’enregistrer aujourd’hui des résultats louables, même si, beaucoup reste encore à faire. Le taux de scolarisation au primaire est passé de 86,5 % en 2013 à 93,8% en 2017. Sur la même période, le taux d’inscription au préscolaire est passé de 15,8% à 37,2%. Toujours au niveau du primaire, le nombre des filles est en passe de dépasser celui des garçons. Ce n’est que vers la fin du collège que ce nombre chute de façon notoire jusqu’à l’entrée à l’Université, pour cause de grossesses précoces et d’autres facteurs » (fin de citation).
Coordonnée par Charles-Emmanuel Ballanger, directeur d’Aide Action France-Europe, l’exposition intitulée, « L’éducation est une urgence », est ouverte du 21 septembre au 5 octobre, de 14 à 17 heures, à l’exception des jours fériés à l’ambassade du Togo en France, domiciliée 8, rue Alfred Roll dans le 17e arrondissement de Paris.
Dans son rapport d’activité 2017, Aïcha Bah Diallo, ancienne ministre de l’Education de Guinée et ancienne sous-directrice à l’Unesco, aujourd’hui, à la retraite, écrit, ainsi, dans l’éditorial : « Aide et Action International (AEAI) dont je suis fière d’être la présidente depuis 2017, n’a ménagé aucun effort pour atteindre ses objectifs cette année. Malgré un contexte marqué par des mouvements sociaux, des catastrophes naturelles et des crises sécuritaires dans certains pays, nous avons continué à mettre en œuvre notre mission sociale avec toute la détermination, la connaissance et le savoir-faire qui nous caractérisent ». Et cela continue en 2018. Inch’ Allah !