Vainqueur, avec la manière, de l’élection présidentielle de septembre dernier, Abdelmadjid Tebboune n’aura vraiment pas eu le temps de savourer. En cause, le rapprochement stratégique entre son voisin, le roi, Mohammed VI, et le président français, Emmanuel Macron, qui scelle la position de Paris sur la marocanité du Sahara occidental. Le camouflet de trop pour le dirigeant algérien dont les efforts d’isolement de Rabat se seront, finalement, avérés contre-productifs.
En effet, ceux-ci n’auront pas empêché le Maroc de rallier au fil du temps des soutiens occidentaux, parmi lesquels celui des Etats-Unis, depuis 2020, sur fond de normalisation des rapports avec Tel Aviv, de l’Espagne, depuis 2022, qui en a profité pour devenir le principal partenaire commercial du royaume chérifien, et dorénavant, de la France, qui a repositionné Rabat au coeur de sa politique étrangère en Afrique.
C’est donc dans un mélange de frustration et de volonté de rebondir que le président algérien s’est lancé, en fin octobre, dans une tournée diplomatique en Egypte, pour y discuter d’un hypothétique rehaussement des relations bilatérales à une dimension stratégique, ainsi qu’à Oman, pour une première visite d’Etat d’un président algérien. Le tout en marge du 70ème anniversaire de la Révolution auquel étaient conviés les leaders tunisien, mauritanien et sahraoui.
On notera le caractère purement symbolique de cette agitation inhabituelle d’Abdelmadjid Tebboune (qui reçoit sur cette photo les présidents tunisien, Kaïes Saïed, et libyen, Mohamed el-Menfi de Libye pour parler partenariat) dont les deux voyages n’ont débouché que sur de vagues promesses partenariales, en contraste avec les 10 milliards d’euros de contrats multisectoriels annoncés par Emmanuel Macron à des parlementaires marocains entièrement acquis à sa cause, en illustration de l’entrée du Maroc et de la France dans une nouvelle ère de coopération.
Absent de la vie politique depuis des mois pour cause de soucis de santé, le souverain marocain a amorcé son retour de la meilleure des manières, et devrait être beaucoup plus régulier dans l’Hexagone, compte tenu du nouveau souffle donné aux relations franco-marocaines. En revanche, pour son homologue algérien, le début de ce deuxième mandat présidentiel ne pouvait pas être plus catastrophique.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)