Cinq mois après sa nomination à la tête du ministère britannique des Affaires étrangères, David Lammy a effectué son premier voyage en Afrique. Il y était attendu après la très juste décision de son chef, Keir Starmer, d’annuler l’accord de la honte prévoyant le renvoi vers le Rwanda de réfugiés cherchant à s’installer au Royaume-Uni. Mais, son passage n’aura pas marqué l’esprit des Africains de la bonne manière. Pourquoi ?
En marge de son déplacement, se tenait fin octobre une conférence du Commonwealth à laquelle son premier ministre prit part, aux côtés de plusieurs dirigeants du continent africain. Alors que se profilaient les discussions sur les voies et moyens de réparations dans le cadre du commerce transatlantique d’esclaves, Keir Starmer annonça que son gouvernement n’était pas disposé à verser une quelconque somme d’argent.
Pourtant descendant d’esclaves jamaïcains, David Lammy a repris les propos de son supérieur lors de ses courts séjours à Abuja et Pretoria (sur notre photo, David Lammy et son homologue nigérian, Yusuf Tuggar, signent un partenariat stratégique, le 4 novembre 2024, à Abuja, au Nigeria). S’il est vrai que la situation économique de la Grande Bretagne peut expliquer la position des travaillistes sur le sujet embarrassant des réparations, il existe, en revanche, d’autres solutions qui ne nécessitent pas de dépenser, telles que l’effacement de la dette.
En fin août 2022, celle-ci s’élevait à 2 757 millions de livres pour toute l’Afrique, selon des chiffres du parlement britannique. De quoi soulager allègrement les gouvernements africains qui croulent sous le poids de la dette, et font face à une discrimination insensée sur les marchés de capitaux. Les travaillistes ont l’opportunité de renouer les liens avec l’Afrique. Qu’ils le fassent s’ils espèrent retrouver une place de partenaire de premier rang sur le continent.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)