Joe Biden a décollé dimanche vers l’Angola. Il a prévu d’y effectuer une visite d’Etat sur les trois prochains jours, laquelle risque fort d’être sa dernière en tant que chef d’Etat américain en exercice. Certains de ses soutiens sont déjà en train de murmurer qu’il aura réservé le meilleur pour la fin, Old Joe ayant attendu la toute dernière minute pour tenir une vieille promesse, datant de 2022, faite à ses homologues africains lorsqu’il les recevait en décembre à la Maison Blanche.
Il se rend en villégiature à Luanda parce qu’il ne s’est pas concerté avec Donald Trump. Ses trois jours de visite d’Etat n’engage nullement le mandat de Trump. Il ne pourra, donc, rien faire ou dire pour son successeur qui considère l’Angola comme un « pays de merde » alors que pendant quatre ans, il a eu toute la latitude de s’y rendre sans le faire. Son voyage dans ce pays le change, uniquement, de son hiver washingtonien car il ne pourra signer aucun contrat digne de ce nom avec le risque que même pour d’éventuels petits contrats, Trump ne les annule quand il arrivera au Bureau Ovale.
Cela dit, ce rarissime déplacement en Afrique n’est, en rien, pour les beaux yeux du continent. En effet, le président démocrate sortant tient à voir de ses propres yeux la réalisation du projet de désenclavement de l’Angola, de la RD Congo et de la Tanzanie, censé octroyer aux trois pays un accès aux marchés internationaux. Surnommée le Corridor de Lobito, cette initiative ferroviaire aura, en 18 mois, bénéficié de plus de 4 milliards de dollars de fonds de la part de Washington.
Un montant que Joe Biden n’a accepté de débloquer qu’à cause de la perspective d’un maintien à long-terme de l’influence américaine en Afrique, pour contrer les montées en puissance de la Chine et de la Russie. Ce qui est très dommage car au lieu d’alimenter à coup de centaines de milliards de dollars des intérêts géopolitiques questionnables en Ukraine, Joe Biden aurait pu faire beaucoup mieux pour un continent africain regorgeant d’opportunités à valeur stratégique. Bref, les Américains ont vu juste à deux reprises : en le forçant de laisser la vice-présidente, Kamala Harris, tenter sa chance alors que son épouse, Jill, et lui-même, étaient les seules personnes de la terre à ne pas voir sa sénilité. D’autre part, en choisissant le candidat républicain, Donald Trump, qui ne sera pas un président faiblard et dépassé par les événements comme l’aura été Joe Biden.
Pendant ces trois jours, il rencontrera son homologue angolais, Joao Lourenço, pour une première visite d’un dirigeant américain en Angola. L’occasion pour lui de s’enquérir de l’état d’avancement du processus de Luanda, surtout, après le récent changement d’attitude de Washington envers Kigali, les autorités américaines s’étant résolues à sonner la fin de la récréation pour Paul Kagame à qui Washington a refusé le visa d’entrer aux Etats-Unis pour participer à la 79e Assemblée Générale des Nations-Unies où il venait débiter des mensonges sur l’invasion de son armée dans le Kivu en RDCongo. On attend d’ailleurs la position de Trump sur cette question.
En résumé, Joe Biden ne se sera pas montré à la hauteur des attentes des Africains, ce voyage en Angola n’étant qu’une tentative de sauver les meubles face à de nombreuses promesses non tenues. En Afrique, on gardera le souvenir de lui d’un va-t-en-guerre, une version plus soft d’Emmanuel Macron, se remettant difficilement en question, et dotée d’une capacité de nuisance de loin supérieure à celle de son homologue français.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)