ANGOLA : Une présidentielle que le général-président ne pouvait pas perdre

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L’élection présidentielle angolaise a livré son verdict : la continuité. L’ancien ministre de la Défense de Ingénieur José Eduardo dos Santos, est sorti vainqueur. En effet, l’Angola n’a pas encore les moyens d’instaurer une démocratie à la sénégalaise dans le pays. D’autant plus que la longue guerre d’un quart de siècle entre l’Unita (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola) de feu Jonas Savimbi et le Mpla (Mouvement populaire pour la libération de l’Angola), est encore bien présente dans les esprits. Les hommes qui l’ont menée, occupent, encore, des places importantes dans l’état-major des deux partis et de l’Etat. Soutenu par les Américains et plus largement, le camp occidental, parce qu’il se présentait comme un rempart à l’expansion du communisme en Angola et en Afrique australe, Docteur, Jonas Savimbi, a, finalement, été victime de la fin de la guerre froide, dans les années 90, après la chute du Mur de Berlin. Le communisme vaincu, la guerre que « le docteur » menait au Mpla n’avait vraiment plus lieu d’être. Du moins, du côté des Américains. Le chef de l’Unita, avec des soutiens qui tarissaient, d’année en année, n’a pas pu résister devant l’adversaire qui, lui, sut se faire adouber par le camp occidental à qui il apportait ses richesses pétrolières qui, aujourd’hui, sont largement exploitées par les compagnies américaines. Ayant refusé de composer avec le pouvoir en place, « le docteur » a fini par être assassiné, dans le maquis, en février 2002, sur une trahison des services américains, dit-on, ce qui affaiblit, considérablement, son mouvement. Ce dernier choisit, plus tard, de collaborer avec le pouvoir en place, mais, en gardant une certaine autonomie. Ce qui explique que l’Unita ait proposé son propre candidat à l’élection présidentielle.

Le parti historique au pouvoir en Angola a remporté les élections législatives, donnant un second mandat au président sortant, Joao Lourenço, selon les résultats officiels annoncés, lundi, 29 août.

Au terme du scrutin le plus disputé de l’histoire du pays, le Mpla l’emporte avec 51,17% des suffrages exprimés, contre 43,95% pour le premier parti d’opposition, l’Unita, selon la Commission électorale nationale.

Même si on aime la démocratie, le contraire aurait, vraiment, surpris que Joao Lourenço qui, à la tête de l’Etat et du parti, de loin le plus grand du pays, perde, même s’il s’est fait beaucoup d’ennemis dans le pays, notamment, au sein de la famille de celui qui lui avait, sans contrainte aucune, cédé le pouvoir alors qu’il avait la faculté d’y mourir comme d’autres dirigeants africains. Payer cela en faisant la chasse aux propres enfants de son prédécesseur est une forme d’ingratitude que beaucoup d’Angolais ne comprennent pas. La lutte contre la corruption est une excellente chose et Bravo que le président la mène sans concession. Mais, il aurait pu épargner les enfants de son prédécesseur sans que cela porte atteinte à son crédit personnel. S’il fait plaisir aux bailleurs de fonds qui prêtent actuellement de l’argent à l’Angola, Joao Lourenço devra faire attention s’il veut, vraiment, durablement, asseoir son pouvoir. Car son comportement porte plutôt atteinte à l’Afrique où certains dirigeants ne veulent plus lâcher le pouvoir de peur de subir le même sort, eux ou les membres de leur famille. Au final, c’est une action contreproductive pour non seulement l’Angola mais toute l’Afrique.

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