Moins connue que l’éjaculation précoce et les troubles érectiles, l’anorgasmie se caractérise par l’absence d’orgasme et d’éjaculation pendant les rapports sexuels. Explications du docteur Pierre Desvaux, andrologue et sexologue.
Pour comprendre la mécanique sexuelle de l’homme et ses problèmes, il faut rappeler les 3 notions essentielles de son fonctionnement. Trois éléments qu’il ne faut pas confondre et qui sont parfois trop rapidement associés les uns aux autres : orgasme, jouissance et éjaculation.
L’orgasme est une série de réactions qui se passent dans le cerveau et le corps avec l’activation neuronale du circuit de la récompense.
- La jouissance est la donnée subjective du plaisir vécu pendant l’orgasme. Elle dépend des circonstances, de la disponibilité du partenaire, de la relation sexuelle, etc. Elle s’exprime en voluptuosité et en intensité.
- L’éjaculation est un acte mécanique pendant lequel le sperme est évacué du corps par un système compliqué qui va provoquer la contraction des glandes. Contrairement à ce que laissent penser certaines expressions imagées, l’éjaculation ne provient pas des testicules. Car 90% du volume du sperme est sécrété par les glandes de Cowper et par les vésicules séminales. Seulement 10% de l’émission de sperme provient des testicules. Le sperme étant fabriqué juste avant l’éjaculation.
Il n’y a pas de médicament pour atteindre l’orgasme
Les éjaculateurs précoces ont un orgasme, une éjaculation mais pas de jouissance ou faible. Un homme âgé opéré de la prostate aura lui, une érection, un orgasme et de la jouissance mais n’éjaculera pas.
Les hommes anorgasmiques, quant à eux, n’ont pas de troubles érectiles. En revanche, ils sont incapables d’atteindre l’orgasme et d’éjaculer pendant un rapport sexuel. Alors qu’ils sont capables de le vivre grâce à la masturbation. « Pendant l’acte sexuel, les partenaires renoncent au bout d’un certain temps », explique docteur Pierre Desvaux, andrologue et sexologue. Ce trouble sexuel est compliqué à traiter car, il n’existe pas de médicament pour accélérer l’éjaculation et encore moins pour atteindre l’orgasme.
L’anorgasmie touche aussi les hommes jeunes
« S’il existe des raisons physiologiques, comme l’âge (après 70 ans), la carence hormonale (manque de testostérone), les causes de l’anorgasmie sont le plus souvent psychologiques et je vois de plus en plus de jeunes hommes en consultation qui vivent ce douloureux problème sexuel », explique Pierre Desvaux. « La majorité d’entre eux a été « gavée » » à la pornographie. Ils ont alimenté leur désir par des images de plus en plus hard et des fantasmes de plus en plus étranges. A tel point qu’ils ont virtuellement tout vécu et que rien de la réalité ne peut plus les exciter. Ils éprouvent de l’affection, voire, de l’amour, pour leur partenaire mais probablement pas de désir, car leur cerveau a été conditionné pour réagir à des images pornographiques« .
De plus, ces jeunes hommes n’osent pas avouer leurs fantasmes (souvent trop loin de la réalité) à leur partenaire. Ils sont bloqués par la relation sexuelle en couple. Mais, quand il s’agit de se masturber, ils vont à nouveau se retrouver dans une situation (devant des images pornographiques) d’excitation. « La solution, compliquée, est de réussir à déconditionner ces patients de la sexualité sur internet », explique le sexologue.
Pourquoi consulter le sexologue ?
Il faut arriver à trouver la bonne mesure, à faire renaître le désir et travailler au niveau du couple pour déterminer les codes d’excitation, réinitialiser un désir partagé. Il est donc important de consulter rapidement, dès l’apparition des symptômes de l’anorgasmie.
Les hommes accros au sexe virtuel sont souvent très anxieux, ils se masturbent de manière compulsive pour se libérer de leur stress. « Nous devons arriver à substituer le plaisir solitaire à une pratique sexuelle de couple et déprogrammer ces hommes de la pornographie », conclut le médecin.
Avec topsanté