A la 73e session ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, le Togo a mis l’accent sur la réforme des Nations-Unies, véritable serpent des mers que cette institution n’arrive guère à finaliser depuis de très longues années. Remplaçant le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé, empêché, à la tribune de cette 73e session, le ministre togolais des Affaires étrangères, le professeur, Robert Dussey, paraphrasant Descartes pour qui l’évidence est ce qui ne trompe pas, a expliqué que ladite réforme est « moins un souhait qu’une nécessité logique ». En d’autres termes, « Le monde a évolué, de nouveaux problèmes et nouveaux acteurs ont émergé, la planète est aujourd’hui en souffrance, l’extrémisme violent et le terrorisme menacent le monde, de nouvelles formes de responsabilité sont apparues ». Voilà pourquoi, a-t-il soutenu, « les Nations-Unies doivent se mettre à jour dans leur organisation et dans leur fonctionnement, si elles veulent, efficacement, jouer leur rôle d’institution de service à la communauté humaine ». Paraphrasant l’épistémologue, Thomas Kuhn, le professeur, Robert Dussey, a affirmé que l’heure est au changement de paradigme.
Ayant mis ce sujet, comme ses prédécesseurs, le Ghanéen, Kofi Annan (décédé le mois dernier) et le Sud-Coréen, Ban Ki-moon, au centre de son mandat, le Portugais, Antonio Guterres, réussira-t-il là ces deux prédécesseurs ont échoué ? Le secrétaire général a proposé une réforme qui se base sur les trois principaux piliers institutionnels du système des Nations-Unies, notamment, la paix et la sécurité, le développement, et la structure de gestion. Cette initiative de réforme axée sur la restructuration du pilier paix et sécurité aidera à rendre l’institution plus pragmatique et efficace.
Cette nouvelle restructuration des mécanismes de développement doit viser, également, la mise en œuvre de l’Accord de Paris. En effet, pour le Togo, les défis des changements climatiques sont vitaux et la riposte ne doit pas attendre. Le professeur, Robert Dussey, sait de quoi il parle, le Togo, sous la co-présidence de l’Union africaine et du président du Togo, Faure Gnassingbé, ayant accueilli, à Lomé, en 2016, une grande conférence sur la piraterie maritime, les enjeux climatiques, et l’économie bleue. Une feuille de route avait été établie à cet effet pour permettre aux pays africains de converger vers le même sens.
S’agissant du pilier gestion de la réforme en cours, nous observons avec satisfaction que les changements importants envisagés répondent à la nécessité d’améliorer les méthodes de gestion internes de l’organisation en assurant la simplification des procédures, la décentralisation de l’action et l’investissement dans l’humain pour mieux répondre aux impératifs de développement durable et de construction d’un monde pacifique. Investir dans l’humain, c’est prendre parti pour le développement et la paix dans le monde.
Pour le ministre togolais, en effet, « la réforme dont il s’agit aujourd’hui vise à rendre les Nations Unies plus dynamiques et capables. Les défis mondiaux actuels invitent au renforcement des capabilités de fonctionnements des Nations Unies ».
Au regard de la très grande complexité de la situation, des risques encourus et les exigences d’une solution adéquate pour faire face aux différents enjeux, « Le gouvernement togolais engage toutes les parties prenantes à privilégier l’approche participative et la logique du consensus dans le processus des négociations en cours et à œuvrer avec détermination pour l’adoption, à l’issue de la Conférence de Marrakech des 10 et 11 décembre prochains, d’un Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ».
Il faut, donc, se donner la main pour marcher ensemble. L’union faisant la force, à l’échelle africaine où se pose avec acuité le problème du développement, les gouvernants ont pris conscience de la nécessité d’accélérer le processus d’intégration régionale pour mutualiser les efforts de développement et les stratégies de lutte contre la pauvreté, comme le recommandent l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et le Programme universel du développement durable. Plusieurs initiatives sont, actuellement, en cours pour renforcer, davantage, cette intégration. C’est, par exemple, le cas du Marché unique du transport aérien en Afrique (MUTAA) qui est un instrument d’intégration économique du continent dont le pilotage du projet a été confié par ses pairs africains au président du Togo, Faure Gnassingbé,
Il en est de même sur la question de la paix et de la sécurité internationales, où la priorité, aujourd’hui, nous enjoint de renforcer la coopération internationale en matière d’opérations de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme. Nous devons redoubler d’efforts pour en finir avec les conflits, notamment, en Afrique et dans bien d’autres régions du monde. Mais, encore faudrait-il que la solidarité internationale soit bien réelle : actuellement, le G5 Sahel qui est composé de 5.000 soldats venant de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Tchad, et dont le but est de combattre le terrorisme islamique dans le Sahel, peine à démarrer faute d’une implication budgétaire forte des Nations-Unies. Alors que la neutralisation des djihadistes dans cette région du monde, préserverait, aussi, l’Europe et l’Amérique, où le terrorisme a, souvent, durement, frappé.
A cet égard, le gouvernement togolais se félicite de la tenue, à Lomé, le 30 juillet 2018, à l’occasion du mandat du Togo à la présidence en exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, du premier Sommet conjoint des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) sur la paix, la sécurité, la stabilité et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
Cette rencontre, première du genre sur le continent, organisée à l’initiative des deux sous-régions, a permis de créer un cadre d’échanges sur les conditions préventives et opérationnelles de préservation et de maintien d’une paix durable dans l’espace commun des deux communautés. Nous vous invitons à lire le numéro 469 d’octobre 2018 d’Afrique Education (à paraître le 4 octobre chez les marchands de journaux) qui contient un important dossier compte-rendu complet sur cet important Sommet.