C’est le genre d’invitation dont le leader malien se serait bien passé. Son ennemi numéro un dans la sous-région, le président ivoirien, Alassane Ouattara, réputé être l’homme des Français, invite le colonel-président, Assimi Goïta, à effectuer une visite officielle en Côte d’Ivoire. C’est très étonnant que cette démarche soit effectuée au moment où la CEDEAO est en totale perte de vitesse, avec le lancement, il y a quelques jours, de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) en grandes pompes, à Niamey, au Niger. Après avoir cherché à éliminer, un par un, avec l’aide des Français et des Américains, les présidents actuels du Niger, du Burkina Faso et du Mali, une entreprise qui a été couronnée d’échec, et qui fut menée par les présidents ivoirien, sénégalais, béninois et bissau-guinéen sous la supervision du président en exercice de la CEDEAO, le Nigérian, Bola Tinubu, Alassane Ouattara ne sait plus à quel saint se vouer pour se racheter. Démasqué par les peuples de la CEDEAO, il cherche à se refaire une crédibilité perdue en proposant quelque chose qui ne peut pas se réaliser, à savoir, faire venir Assimi Goïta à Abidjan où il le brandirait comme un trophée.
C’est le ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, le propre frère du président ivoirien, qui a rendu publique cette information. Et non le chef de la diplomatie de Côte d’Ivoire. Très mal en point, vu en Afrique comme un traître par qui les malheurs du continent surviennent, Alassane Ouattara est en train de remuer ciel et terre pour renouer le fil du dialogue avec son jeune homologue du Mali, le colonel-président, Assimi Goïta, qu’il avait cherché à évincer du pouvoir par toutes sortes de moyens, y compris militaires. Malheureusement, il a trouvé que les colonels de Bamako n’étaient pas nés de la dernière pluie. Aujourd’hui, il tente de se justifier : « le président Ouattara a même invité Assimi Goita à Abidjan pour montrer à l’opinion nationale et internationale qu’en réalité, cette affaire (militaires ivoiriens arrêtés au Mali) est un malentendu. Nous attendons toujours qu’il puisse effectuer cette visite », a relayé Téné Birahima Ouattara, dans un mensonge éhonté.
Pour l’heure, Assimi Goita n’a pas répondu à l’appel du président ivoirien. Il ne répondra pas à cet appel car il sait qu’il s’agit d’un piège qu’il lui tend. L’affaire des 46 militaires ivoiriens arrêtés au Mali a contribué à la détérioration des relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Ces militaires venaient ni plus ni moins déposer Assimi Goïta s’il n’avait pas été vigilant.
Après le coup d’état au Niger et la volonté d’Alassane Ouattara de déployer des soldats (un millier de soldats ivoiriens se tenaient prêts pour remplir cette mission) pour rétablir Mohamed Bazoum au pouvoir à Niamey, l’hostilité du Mali vis-à-vis du régime ivoirien s’est accru. Désormais, le chef de l’Etat du Mali et celui de Côte d’Ivoire se regardent en chiens de faïence. Et c’est bien ainsi.