BANQUE AFRICAINE DE L’ENERGIE : Une alternative à la fin des financements occidentaux

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Le réveil que connaît l’Afrique depuis la transition mondiale vers les énergies vertes est un phénomène agréable à observer pour ceux qui aspirent à la voir émerger et faire bonne figure aux côtés des autres continents. L’engouement autour de cette transition a été suivi de la fin des fonds occidentaux pour des projets sur les énergies fossiles. Une injustice insuffisamment dénoncée quand on sait tous les avantages que les pays développés ont tirés de l’industrie extractive.

Contraindre l’Afrique à s’en détourner, sous peine de ne plus lui octroyer les investissements nécessaires à son développement économique, est une hérésie qui aurait pu ouvrir la voie à bien des spéculations. Mais, fort heureusement, il n’en a rien été puisque cette nouvelle donne occidentale a plutôt été fortuite, en ce sens qu’elle a poussé les nations africaines vers une émancipation inattendue.

C’est ainsi qu’est née l’idée d’établir la Banque africaine de l’énergie. Rassemblant près d’une vingtaine de pays africains, dont des exportateurs de gaz et de pétrole, cette institution devait ouvrir ses portes lors du premier trimestre 2025, selon l’annonce faite par le ministre nigérian des Ressources pétrolières, Heineken Lokpobiri. Mais, cela n’a pu avoir lieu faute des 5 milliards de dollars de capitaux attendus, le Nigeria, l’Angola et le Ghana étant les seuls Etats membres à s’être acquittés de leur parts (de 83 millions de dollars chacun), soit 44% de la somme requise.

Dans un récent point de presse, le ministre congolais des Hydrocarbures, Bruto Itoua, a gaillardement déclaré que juin prochain serait le mois d’ouverture de ladite banque. Une échéance à ne considérer que partiellement car venant du représentant d’un pays dont le retard dans le paiement de la contribution promise est à l’origine du report de la date de lancement initiale. Un retard qui s’explique sans doute par la confiscation systématique des recettes minières par le clan Sassou-Nguesso auquel Bruno Itoua est un des plus éminents membres.

Hormis le Congo-Brazzaville, l’Algérie, le Bénin, la Côte d’Ivoire et la Guinée équatoriale se sont engagés à mobiliser des fonds au cours du premier semestre 2025. Une fois cet obstacle surmonté, la Banque africaine de l’énergie pourra se déployer comme étant l’entité dédiée à l’accompagnement des nations africaines dans le développement de leurs projets énergétiques, à l’établissement de leur souveraineté énergétique et au soutien de leur croissance économique.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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