L’opposant béninois, Lionel Zinsou, arrivé second à la dernière élection présidentielle, a été condamné, vendredi, 2 août, à Cotonou, à cinq ans d’inéligibilité et six mois d’emprisonnement avec sursis pour usage de faux documents, a-t-on appris de source judiciaire. Lionel Zinsou, ancien premier ministre qui vit en France, a été condamné «à cinq ans d’inéligibilité pour toutes les élections à venir en République du Bénin, à six mois d’emprisonnement assorti de sursis», a déclaré une source du tribunal de Cotonou qui l’a jugé. Autrement dit, il ne pourra pas participer à l’élection présidentielle d’avril 2021, pas plus que Sébastien Ajavon, qui était sorti troisième à la présidentielle de 2016, avant d’appeler à voter Patrice Talon. En guise de récompense, l’actuel président du Bénin lui a collé une affaire de drogue qui l’a contraint à fuir le Bénin et à résider en France d’où il suit le piteux spectacle démocratique qui y a cours. Conséquence : Ayant éliminé les candidats sortis deuxième et troisième de la dernière présidentielle, après avoir pris soin de pousser d’autres opposants à l’exil, Patrice Talon prépare d’ores et déjà sa réélection comme tout bon dictateur des tropiques dont il n’avait pas l’air quand il se présentait au suffrage des Béninois en 2016. Il a jeté son masque, faisant reculer la démocratie béninoise de cinquante ans en arrière. Pour preuve : il a exclu des dernières élections législatives, les principaux partis d’opposition dirigés par les anciens présidents Nicéphore Soglo et Yayi Boni, allant jusqu’à mettre ce dernier en résidence surveillée pendant deux mois, malgré le tollé général suscité dans le pays et dans la sous-région.
Lionel Zinsou (notre photo) est accusé d’avoir masqué ses dépassements de compte de la campagne électorale de 2016 en utilisant de «fausses attestations ou un certificat falsifié», note cette source. Le procès contre Lionel Zinsou, grand rival de l’actuel président Patrice Talon, a démarré il y a environ deux mois, mais il n’a pas assisté aux audiences.
De nombreux observateurs locaux et internationaux dénoncent régulièrement un tournant autoritaire du président Patrice Talon, élu en avril 2016, dans un pays réputé pour être un exemple démocratique en Afrique de l’Ouest. La grande majorité des opposants à Patrice Talon vivent désormais en exil, déjà condamnés en leur absence ou craignant des mesures judiciaires à leur encontre s’ils reviennent au Bénin.
Condamné à 20 ans de prison pour trafic de drogue, Sébastien Ajavon, président du patronat béninois et richissime homme d’affaires qui vit également en France, a été condamné à 20 ans de prison dans une sombre affaire de trafic de cocaïne et un mandat international a été lancé contre lui. Fin juin, l’ancien président Boni Yayi, qui avait violemment condamné les dernières élections législatives tenues en avril dernier et auxquelles l’opposition n’a pas pu présenter de listes, a été forcé à l’exil dans une destination inconnue après deux mois de siège des forces de l’ordre autour de son domicile.
Des manifestations ont éclaté début mai et mi-juin dans des bastions de l’opposition et ont été réprimées dans le sang, faisant une dizaine de morts par balles.