Bénin-Niger : La CEDEAO trahie par son mutisme

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Voilà près d’un an que le Bénin et le Niger sont à couteaux tirés dans une affaire qui empoisonne leurs relations, sans que la CEDEAO n’ait jamais daigné en faire allusion. On savait que le bloc ouest-africain souffrait d’une incompétence et d’une maladresse sans pareilles, lors de ses rares prises d’initiatives, mais l’indifférence dont il fait preuve ici peut choquer plus d’un observateur indépendant.

Préoccupé par le sort du président nigérien déchu, Mohamed Bazoum, et par la perspective de voir le volume des cotisations de ses Etats membres chuter du fait de la baisse du nombre de ces derniers, après le départ des trois pays fondateurs de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), il est incapable d’imaginer un scenario dans lequel la résolution, via son intervention, du différend opposant Nigériens et Béninois pourrait le rendre plus crédible auprès de l’AES.

Comment interpréter que la CEDEAO, d’un côté, se dise être prête à négocier avec le Niger, le Burkina Faso et le Mali pour les convaincre de revenir dans son sillage, mais que d’un autre, elle observe, avec malice, la brouille entre l’un de ces trois pays et le Bénin, au lieu de chercher à éteindre le feu ? Son silence est un nouvel exemple de l’hypocrisie qui la définit, et une confirmation de la véracité des critiques à son égard, et qu’elle s’emploie à totalement ignorer.

Heureusement que les autorités de Cotonou ont fini par écouter la voix de la sagesse en adoptant une approche diplomatique, à laquelle leurs consoeurs de Niamey ont, logiquement, répondu favorablement, et qui devrait aboutir à la normalisation des rapports entre les deux pays voisins. A voir tout le temps qui a été perdu inutilement, on est en droit de se demander à qui profitait l’imbroglio Niger-Bénin au sein de la CEDEAO pour expliquer un tel mutisme.


Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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