Ce titre insolite fait la Une du numéro 476 de mai du magazine Afrique Education. Non-professionnel de la politique devenu chef de l’Etat du Bénin en remportant démocratiquement la présidentielle d’avril 2016, Patrice Talon surprend les Béninois, les Africains et la communauté internationale, en ramenant le Bénin de trente années en arrière sur le plan de la démocratie et des droits de l’homme. Le magazine explique pourquoi et comment il est devenu le bon élève de la classe du dictateur congolais, Denis Sassou-Nguesso, son inspirateur et modèle en politique. Une situation ubuesque susceptible de faire retourner (jusqu’à) Mathieu Kérékou dans sa tombe.
Qui l’eût cru, que le président, Patrice Talon, mette son prédécesseur, Boni Yayi, en « résidence surveillée » pour l’empêcher d’organiser la protestation en collaboration avec l’ancien président, Nicéphore Soglo, lui aussi, tête de pont du boycott des élections législatives du 28 avril dernier auxquelles leurs partis politiques ont été exclus ? Patrice Talon semble ne faire aucune différence entre son empire industriel et commercial (il est multimilliardaire et magnat de coton) et la présidence de la République du Bénin où il ne doit pas faire ce qu’il veut, quand il le veut et comme il lui semble bon. Car à la tête de l’Etat, il est le garant de la constitution et a des comptes à rendre contrairement à ses sociétés privées où il est l’alpha et l’omega. Il y décide de tout sans contestation. Mais, Talon perd les pédales. C’est sûr qu’avec un conseiller en pratique gouvernementale comme le Congolais Sassou-Nguesso, il n’y avait guère mieux à espérer de lui.
Dans son numéro en kiosque dès demain et après demain, Afrique Education vous explique comment Denis Sassou-Nguesso est devenu le modèle (savoureux et onctueux) de Patrice Talon en matière électorale.
Une catastrophe pour les Africains qui essaient de proposer une autre image de leur continent au monde entier.
Le président du Bénin devrait prendre la parole vendredi, 17 mai, au lendemain de l’installation des 83 députés (Pro-Talon) à Porto-Novo, siège de l’Assemblée nationale. Il y a lieu d’être inquiet car les partis politiques de l’opposition sous la conduite des anciens chefs d’Etat, Yayi Boni, et Nicéphore Soglo, ne vont pas rester les bras croisés. Si, lors de cette adresse au peuple, Patrice Talon n’annonce pas la tenue d’autres élections législatives, il y aura lieu de craindre pour l’avenir du Bénin.
Très inquiète de cette orageuse situation qui prévaut dans le pays, la conférence épiscopale (comme avant la Conférence nationale souveraine de février 1990 qui instaura le multipartisme et la démocratie au Bénin) a pris les devants, mais aussi, ses responsabilités, pour déclarer ceci il y a quelques jours : « La psychose gagne le cœur des Béninois si fiers de leur pays connu et reconnu sur le plan international comme un havre de paix et un modèle de démocratie en Afrique. Les évêques expriment leur compassion et leur proximité spirituelle aux victimes des divers actes de violence perpétrés sur toute l’étendue du territoire. Ils condamnent, fermement, les actes de violence et de vandalisme sous toutes leurs formes. Ils réitèrent leur appel à tous de s’abstenir de toute forme de violence et invitent les leaders politiques à renouer le fil du dialogue pour préserver la paix sociale et l’unité nationale, gage du développement harmonieux du pays ».
Et de conclure de façon grave : « Les évêques offrent leur service pour la médiation en vue d’un retour au calme, à la cohésion sociale, à la tolérance réciproque, qui ont toujours caractérisé le peuple béninois ».
Désormais, la balle est dans le camp du président, Patrice Talon. Il lui appartient de ramener la paix (qu’il a compromise) dans le pays. Le Bénin et l’Afrique le regardent.