Au-delà de ses ambitions, pour le moins secrètes, de troisième mandat présidentiel consécutif, Patrice Talon se trouve dans une situation sécuritaire délicate. En effet, son pays fait régulièrement l’objet d’incursions de la part de groupes extrémistes, au même titre que ses voisins du Burkina Faso et du Niger, tous deux empêtrés dans une lutte acharnée contre le radicalisme violent sur leurs propres territoires.
Inexpérimentée face à ce genre de menace, l’armée béninoise a toutes les peines du monde à contenir ces attaques terroristes, d’oú l’appel à l’aide adressé par les autorités de Cotonou à l’Union européenne, et la visite officielle du président du Conseil européen, Charles Michel, ce 26 avril dernier, afin d’y rencontrer Patrice Talon. Une initiative qui aura du mal à changer la donne pour les Béninois.
S’il est vrai que l’enveloppe des 47 millions d’euros accordée par Bruxelles permettra d’acquérir une diversité d’équipements dernier cri, elle ne rendra pas pour autant les forces armées nationales plus aguerries face à l’ennemi. Plutôt, dans la continuité de son plaidoyer lancé à la CEDEAO pour la suppression des sanctions imposées aux membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le président béninois devrait solliciter le soutien de celle-ci.
Les rebelles du Sahel étant bien organisés, et l’AES n’ayant pas encore réussi à inverser la tendance, il est improbable que l’armée du Bénin puisse rétablir l’ordre chez elle, malgré des moyens financiers conséquents. L’approche la plus pertinente serait de se joindre aux efforts de l’AES face à un adversaire ? qui ne discrimine pas. Une telle initiative trouverait écho auprès des leaders de l’AES, et ouvrirait la voie à un réchauffement des liens entre le bloc et Patrice Talon.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)