Denis Sassou Nguesso est attendu à l’Elysée dans les prochaines semaines. On a d’abord parlé de fin février, puis, fin mars, maintenant, on annonce son séjour les 5 et 6 avril 2025. Habitué des lieux qu’il a déjà visités à de maintes reprises sous Emmanuel Macron, le président congolais s’y sentira bien moins à l’aise que les autres fois. En cause, l’épisode de fin février qui a failli mener à l’incarcération de sa femme, Antoinette, à Paris, et qui doit lui être resté en travers de la gorge.
La première dame du Congo-Brazzaville s’est retrouvée impliquée dans une affaire de biens mal acquis, une des marques de fabrique du régime de Sassou Nguesso. Il s’agirait d’un appartement situé non loin de la Tour Eiffel d’une valeur de 3 millions d’euros (2 milliards de F CFA). Présente sur le sol français pour se soigner, elle aurait reçu la visite de policiers détenteurs d’un mandat de l’emmener (sur notre photo, les deux couples présidentiels de France et du Congo sur la cour de l’Elysée en France).
Les détails de cette opération étant restés flous, on ne sait pas trop comment elle s’y est prise pour confondre les forces de l’ordre, pourtant, formellement, instruites par un juge, et se faire la malle pour rentrer à Brazzaville. Est-elle parvenue à faire douter les officiers avec le fait qu’elle bénéficie par extension de l’immunité de son mari, toujours en fonction ? Rien n’est moins sûr.

Il y a moins d’un an, agissant sur la base de soupçons de détournements de fonds publics, le département américain de la Justice avait engagé une procédure de saisine d’un logement de plus de 7 millions de dollars situé dans la Trump Tower à Manhattan, et appartenant à Claudia Sassou Nguesso, la fille du président congolais. Comme quoi ce dernier est coutumier du fait.
Ce qu’il est intéressant de noter ici c’est l’attitude presque coordonnée des autorités françaises et américaines sur la question des Biens mal acquis affiliés à la famille présidentielle du Congo-Brazzaville. Elle milite, non seulement, pour leur transparence sur cette affaire, mais, traduit surtout l’aliénation de Denis Sassou Nguesso par les leaders mondiaux les plus influents.
Autrement dit, le dirigeant congolais n’a pas d’amis dans les pays où il a choisi de dissimuler l’argent pillé en quatre décennies au pouvoir au Congo. Il a essayé par tous les moyens de nouer des liens étroits avec son homologue français. En vain. Et peut certainement déjà entrevoir une fin de règne amère, car accompagnée de très probables saisines de son patrimoine à l’étranger.

Derrière cette logique française et américaine, on commence, enfin, à accepter le fait que l’immigration africaine tant combattue en France et aux Etats-Unis, pays qui se disent des droits de l’homme, est, en grande partie, due à la mauvaise gestion des élites politiques africaines qui s’accaparent de toutes les richesses du pays qu’elles vont planquer dans les pays comme la France, les Etats-Unis qui, eux, se sont construits à la sueur de leur front. De telles saisies permettent aux élites kleptomanes qui dirigent le Congo-Brazzaville à, au moins, investir dans le pays, les fonds détournés des caisses publiques, des faux marchés ou des rétrocommissions. Un mal pour un bien, au moins, cet argent détourné et investi au Congo-Brazzaville permettrait, peut-être, de construire des immeubles ou de créer des sociétés qui donneraient du travail aux candidats à l’immigration clandestine en France, aux Etats-Unis, et ailleurs.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)