L’Afrique du Sud vient d’être placée sur la liste grise des pays soumis à une surveillance renforcée concernant le blanchiment d’argent. Le passage de Jacob Zuma à la tête de l’Etat n’avait pas été très heureux pour l’Afrique du Sud. Il fut d’ailleurs chassé du pouvoir avant la fin de son deuxième et dernier mandat pour corruption. Son successeur, le milliardaire, Cyril Ramaphosa, n’a rien fait pour corriger cette situation. Il a juste arrondi le langage pour faire croire qu’il luttait réellement contre la corruption. Preuve que c’est faux, il a failli se voir retirer le soutien de son parti, l’ANC, à cause des énormes sommes d’argent en liquide trouvées dans une de ses résidences et qu’il n’avait pas déclarées au fisc. Heureusement pour lui qu’il a été sauvé in extremis de cette situation et pourra donc rester au pouvoir. Il faut préciser que le président de la République est élu au parlement où le parti ANC est majoritaire. Le retrait de son soutien (comme ce fut le cas pour Jacob Zuma en février 2018) aurait donc valu de fait la perte du pouvoir d’état de Cyril Ramaphosa.
Deux nouveaux pays ont rejoint cette liste établie par le Groupe d’action financière (GAFI) et qui compte 23 pays en tout : l’Afrique du Sud et le Nigeria, a annoncé l’organisme vendredi à Paris. Pour ne pas ameuter et apeurer les investisseurs, le président sud-africain a pondu un communiqué aussi démagogique que la lutte qu’il a toujours promis mener en Afrique du Sud contre le blanchiment, et qu’on n’a jamais vue : «La liste grise est une opportunité pour nous de renforcer nos contrôles et améliorer notre réponse au crime organisé», a-t-il écrit dans sa lettre hebdomadaire. Et d’ajouter que Ce déclassement «a suscité de nombreuses inquiétudes sur l’état de nos institutions financières, de nos forces de l’ordre (…) La situation est préoccupante mais moins grave que certains ne le laissent entendre», ajoute-t-il.
De nombreux services publics souffrent d’une corruption endémique en Afrique du Sud, aggravée sous la présidence de son prédécesseur, Jacob Zuma, et que Cyril Ramaphosa a promis d’endiguer. Sans rien faire de concret (notre photo). L’ANC, parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, «montre une nouvelle fois son incapacité à lutter contre la criminalité financière», a réagi, de son côté, vendredi, 24 février, le principal parti d’opposition, Democratic Alliance (DA).
Quant à la gauche radicale (EFF) de Julius Malema, elle a, carrément, qualifié Ramaphosa de «criminel à la tête d’un Etat criminel». Rappelant une affaire qui le gêne personnellement, celle de billets de banque retrouvés cachés dans un canapé d’une de ses propriétés en 2020, l’EFF affirme que ce scandale «fait partie des raisons pour lesquelles l’Afrique du Sud se retrouve sur la liste grise». Selon Cyril Ramaphosa, «les éléments fondamentaux sont en place et nous savons ce qu’il nous reste à faire pour sortir de la liste grise», ajoutant qu’il est «déterminé à le faire aussi vite que possible».
Traduction pour les non-initiés : Sortir l’Afrique du Sud de cette liste grise équivaut à chasser Cyril Ramaphosa du pouvoir comme le fut Jacob Zuma en 2018. Car pour l’EFF, le poisson pourrit par la tête (qu’il faudra tôt ou tard couper).