Vainqueur des élections générales du 30 octobre dernier, et fraîchement investi président de la République du Botswana, Duma Boko va régulariser la totalité des migrants en situation irrégulière qui vivent sur son territoire (notre photo). Composés à 98% de Zimbabwéens, selon des sources du parlement botswanais, ils se verront remettre une autorisation temporaire de travail, ainsi qu’un titre de résidence. Duma Boko est un vrai fils de l’Afrique qui peut se targuer d’oeuvrer en faveur de l’unité africaine et l’abolition des frontières. Il le montre par sa décision.
Cette décision du jeune chef d’Etat botswanais s’explique, tout d’abord, par son choix de carrière professionnelle en tant qu’avocat spécialisé dans les droits humains, mais, également, par sa volonté de diversifier l’économie du Botswana, encore trop largement dépendante des ressources de son sous-sol. Régulariser les sans-papiers zimbabwéens, qui détiennent de solides connaissances en construction, permettra le transfert de leurs compétences vers les Botswanais. C’est aussi une leçon à l’endroit de ses aînés chefs d’Etat qui parlent d’unité africaine sans jamais la mettre en œuvre, et en ne faisant rien pour cet idéal dans leurs propres pays, comme il le fait au Botswana.
Il n’en fallait pas plus pour que le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, se rende à Gaborone pour assister à la cérémonie d’investiture de son nouvel homologue âgé de 54 ans, et le remercier. C’était la moindre des choses pour le dirigeant zimbabwéen, digne successeur de Camarade Bob (Robert Mugabe) qui, durant toute sa vie, avait combattu pour une Afrique unie et solidaire. Le Zimbabwe connaît, actuellement, une crise aiguë, qui oblige ses enfants à s’expatrier au Botswana et vers l’Afrique du Sud où ils sont d’ailleurs malmenés par les autorités, elles-mêmes, confrontées à des soucis économiques graves.
Avec ce genre d’initiatives à encourager, Duma Boko effectue une entrée en la matière tonitruante sur la scène politique africaine, en se démarquant de manière notable des positions anti-migratoires adoptées par nombre de ses homologues du continent, notamment, en Afrique centrale. Ce côté humaniste l’a aidé à rallier les électeurs, et à renverser le parti qui était au pouvoir depuis 58 ans, même si les scandales de corruption relatifs à l’exploitation minière ont bien esquinté ce dernier.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)