C’est le quitte ou double du président, Roch Marc Christian Kabore, qui doit montrer sa capacité à pouvoir vaincre la rébellion qui crée pleurs et désolation dans le Nord du pays, alors qu’il prépare une importante échéance électorale, à la fin de 2020. N’ayant pas droit à l’erreur sur le plan de la sécurité qui sera déterminante dans le jugement des électeurs burkinabé, il a procédé à une vaste réorganisation à la tête de l’armée, en nommant une série de nouveaux chefs militaires. Mais, déjà, son armée a connu un grand succès, cette semaine, en « neutralisant » près de 200 djihadistes dans le Nord du pays.
Le président, Roch Marc Christian Kaboré, a signé, jeudi, 7 février, huit décrets, désignant un nouveau chef d’état-major de l’armée de terre et des nouveaux responsables à la tête des trois régions militaires du pays.
Le chef d’état-major général des armées avait, déjà, été remplacé, il y a un mois, avec l’arrivée du général, Moïse Minoungou. Le président a, également, remplacé, en janvier, les ministres de la Défense et de la Sécurité, contestés par l’opposition et la société civile.
Instructeur commando et spécialiste des techniques d’intervention antiterroriste, le colonel, Gilles Bationo, 60 ans, devient chef d’état-major de l’armée de terre. Il était, jusque-là, commandant de la première région militaire (Nord).
Le colonel-major, Oumarou Sawadogo, a été nommé commandant du Groupement central des armées, organe chargé de la logistique.
Trois colonels ont été portés à la tête des trois régions militaires du pays (Nord, Ouest et Centre), tandis que trois autres ont été nommés chefs de division (opérations, formations et renseignements) auprès de l’état-major général des armées.
Le Burkina Faso fait face, depuis plusieurs mois, à une explosion des violences attribuées à des groupes djihadistes, que les forces de l’ordre semblent impuissantes à enrayer, bien qu’elles assurent, régulièrement, procéder à des opérations contre ces groupes.
Trois attaques ont été perpétrées, cette semaine, dont une, mardi, 5 février, où cinq gendarmes ont trouvé la mort, le jour même où le président burkinabè recevait ses homologues du G5 Sahel pour un Sommet consacré à la lutte antiterroriste.
Jeudi, deux civils ont été tués dans une attaque contre une brigade de gendarmerie à Kongoussi, dans le Nord. Lundi, 14 civils ont été tués à Kain, toujours, dans le Nord du Burkina, frontalier du Mali, dans l’une des plus graves attaques enregistrées à ce jour.
Fin janvier, quatre soldats avaient été tués, au lendemain d’une autre attaque qui avait coûté la vie à 10 civils, toujours, dans le Nord. Et le 10 janvier, douze civils avaient été massacrés dans la même région.
Attribuées, principalement, aux groupes djihadistes Ansaroul Islam et Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), les attaques ont fait plus de 300 morts depuis qu’elles ont débuté en 2015, quelques mois après la chute du régime de Blaise Compaoré.
La majorité des attaques ont eu lieu dans le Nord du Burkina, mais, elles se sont, aussi, étendues, depuis l’an dernier, à l’Est et à l’Ouest.
La capitale Ouagadougou a été frappée, à trois reprises, depuis 2016, avec un bilan total de près de 60 morts. La dernière attaque, en mars 2018, avait dévasté l’état-major général des armées, en plein centre-ville.
Mais, il y a lieu d’être optimiste. Cette semaine, les forces de défense et de sécurité, ont neutralisé près de 200 djihadistes, ce qui est une première qui montre que l’armée est en train de prendre le dessus.