Le Quai d’Orsay (ministère français des Affaires étrangères) déconseille de se rendre au Burkina Faso en raison d’attaques attribuées à des groupes djihadistes. Ces attaques ont fait près de 700 morts depuis le début de l’année 2015. C’est un coup dur pour l’économie touristique du pays, et surtout, la preuve de l’échec de la lutte contre le djihadisme et l’extrémisme violent, que mènent les pays du G 5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger, Mauritanie, Tchad), sous la coordination de la France, qui y entretient l’Opération Barkhane avec 4.500 soldats.
Jadis très prisé par les touristes mais en proie, depuis 2015, à des attaques djihadistes récurrentes, le Burkina Faso est, désormais, entièrement, « déconseillé sauf raison impérative » ou « formellement déconseillé » par le ministère français des Affaires étrangères.
Le Quai d’Orsay a actualisé sa carte de conseils aux voyageurs sur le Burkina : la zone rouge (formellement déconseillée) reste la même, couvrant tout le Nord, l’Est et les frontières Ouest alors que tout le reste du pays est, désormais, orange (déconseillé sauf raison impérative).
Jusqu’à récemment, le Centre du pays était, encore, en jaune (vigilance renforcée) alors que la capitale Ouagadougou était en zone orange depuis mars 2018 (sur notre photo le président Kaboré prime la médiocrité en organisant une séance de décoration militaire malgré l’incapacité de l’armée à éradiquer les djihadistes).
Les attaques attribuées aux groupes djihadistes, certains affiliés à Al-Qaida, d’autres au mouvement Etat islamique (EI ou Daesh), ont fait près de 700 morts, depuis début 2015 et, environ, 500 000 déplacés internes et réfugiés, selon l’ONU.
« La détérioration sécuritaire au Sahel est très préoccupante. L’épicentre de l’insécurité était auparavant au Mali, aujourd’hui, le Burkina Faso est, désormais, au cœur du conflit », a estimé, mardi, 19 novembre, Patrick Youssef, directeur-adjoint du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour l’Afrique, lors d’une conférence de presse au Forum de Dakar sur les questions de sécurité.
« Depuis le début de l’année, le nombre de déplacés internes a augmenté en flèche. Rien qu’entre juillet et septembre, leur nombre est passé de 280 000 à 485 000 », a-t-il rappelé, pointant que la situation s’est, particulièrement, dégradée dans la province du Soum (Nord du Burkina, à la frontière avec le Mali), où « des groupes armés prennent progressivement le contrôle territorial de la zone ».
Ces derniers mois au Burkina, « plus de 100 centres de santé ont cessé de fonctionner, ils ne reçoivent plus d’assistance médicale pour aider les populations ou ont été la cible d’attaques », s’est inquiété le représentant du CICR.
Au Burkina comme au Mali et au Niger, « l’émergence de nouveaux groupes armés et leur fragmentation rendent de plus en plus difficile l’obtention de garanties pour se déplacer dans les zones affectées par les violences », a-t-il déploré en enjoignant les Etats du Sahel à « œuvrer pour garantir un accès à l’aide humanitaire ».
Une élection présidentielle de tous les dangers pour le président en place, Roch Marc Christian Kaboré, se tiendra vers la fin de l’année prochaine. D’ores et déjà, certains leaders de l’opposition l’invitent à ne plus se représenter au regard de son piètre bilan sécuritaire. De son exil en Côte d’Ivoire, son prédécesseur, qui aspire à être candidat à la prochaine présidentielle, lui a proposé ses bons et loyaux services, sans succès.
Pour la majorité, Blaise Compaoré fait dans la démagogie : à défaut de rentrer par la grande porte (avec le feu vert de la justice burkinabé), il cherche à s’introduire dans la maison par la fenêtre. Il pense être à même de faire cesser les attentats qui pourrissent la vie de tout le monde au point de contraindre le Quai d’Orsay a décommander la destination Burkina Faso (pays des hommes intègres) aux ressortissants français.
Mais, accusé par le pouvoir d’avoir été celui qui donnait le gîte et le couvert aux terroristes à Ouagadougou quand il était aux affaires, Blaise Compaoré est, totalement, discrédité et sa main tendue est repoussée par Roch Marc Christian Kaboré, qui a un an pour inverser la tendance.