On ne sait pas s’il faut se réjouir de l’échec de la mission, des 21 et 22 janvier, des 15 ambassadeurs du Conseil de sécurité, à Bujumbura. Conduite par les ambassadeurs d’Angola, de la France et des Etats-Unis (notre photo montrant la descente de l’avion de la délégation où Samantha Power, l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations-Unies et personne la plus crainte à Bujumbura, est saluée par un officiel), au Conseil de sécurité, la mission venue de New York a, tout simplement, bu la tasse. On se demande même s’il y avait des raisons objectives d’effectuer ce déplacement, à moins que les ambassadeurs aient voulu donner une dernière chance aux autorités de Bujumbura, avant d’agir. Ceci peut aussi expliquer cela. Dans tous les cas, le président, Pierre Nkurunziza, n’a rien lâché. Selon certaines sources, il a fallu le convaincre de recevoir, au moins, par courtoisie, la délégation venue de New York, et éviter les qu’en dira-t-on. Nkurunziza, en tout, cas a fermé la porte aux suggestions de cette mission, qui est, finalement, rentrée comme elle est venue : bredouille !
Il a, ainsi, balayé du revers de la main, tout déploiement de troupes de protection pour sécuriser des civils comme l’envisageaient l’ONU et l’Union africaine. « L’aide dont le Burundi a besoin aujourd’hui n’est pas militaire », a-t-il tranché, comme le rapporte son porte-parole, Karerwa Ndenzako, sur Twitter. L’Union africaine souhaite déployer une force de 5.000 soldats pour sécuriser les populations des massacres.
Pas question non plus de dialoguer avec les putschistes ou l’opposition en exil. « La seule voie vers la paix et la démocratie est d’arrêter et juger les conspirateurs où qu’ils soient », a affirmé le super président.
Bref, il n’a rien lâché alors qu’il n’a plus les moyens de son jusqu’au boutisme. Il y a quelque temps, afriqueeducation.com se demandait quel dialogue peut-on établir avec un « illuminé » comme Pierre Nkurunziza ? Nous avions raison.
« Le Burundi est un pays souverain », clame-t-il à qui veut l’entendre. Mais si c’est cela la souveraineté, il y a encore du chemin à parcourir pour le devenir, réellement, alors que le Burundi va droit vers le génocide. Mais Nkurunziza qui a réponse à tout, rétorque que parler de « génocide est une affabulation ».
La visite du Conseil de sécurité des Nations-Unies s’est, donc, achevée, vendredi, 22 janvier, soir, par une rencontre avec le président, Pierre Nkurunziza, à Gitega, dans le Centre du pays. Un tel éloignement pour montrer que le pays est calme et paisible. Alors qu’il n’en est rien.
Tout au long de la journée de vendredi, et même depuis la veille, à l’aéroport, les autorités avaient mobilisé, massivement, les militants du parti au pouvoir, le CNDD/FDD, pour accueillir la délégation onusienne. Tout au long du parcours, ils brandissaient des pancartes imprimées en anglais sur lesquelles on pouvait lire « le Burundi est un pays paisible », « arrêtez d’interférer dans les affaires burundaises » ou encore, « il n’y aura jamais de génocide au Burundi ».
Mais la réalité a eu raison de ce mensonge, en reprenant ses droits. En effet, un adolescent a été tué, par les tirs de la police, dans Bujumbura, dans la soirée de jeudi, quelques heures, seulement, après l’arrivée de la délégation. La situation, même, maquillée, au maximum, par les autorités, est bien gravissime et pré-génocidaire.
Depuis l’annonce de la décision de Nkurunziza de briguer un 3e mandat, on a, déjà, dénombré près de 400 personnes tuées par balles, par les forces de défense et de sécurité du régime, et plus de 200.000 Burundais partis en exil.
Autre fait qui contredit les assurances du régime : Le général, Godefroid Niyombaré, a pris, jeudi, 21 janvier, jour de l’arrivée des 15 ambassadeurs, à Bujumbura, le commandement des Forces républicaines du Burundi (Forebu) dont l’objectif non dissimulé est de chasser Pierre Nkurunziza du pouvoir, et de réhabiliter les Accords d’Arusha. Le général, Godefroid Niyombaré, est celui-là même qui avait failli chasser Pierre Nkurunziza, du pouvoir, par un coup d’état, en mai dernier.
Les membres du Conseil de sécurité l’auront, donc, vérifié eux-mêmes : il n’y a pas dix mille solutions pour ramener le Burundi et Nkurunziza vers le droit chemin. Dès lors, on sait ce qu’il faut faire.
Voilà où mène l’entêtement de Pierre Nkurunziza, de briguer coûte que coûte, un 3e mandat que la constitution du Burundi et les Accords d’Arusha, lui refusaient.