Un voyage au pas de course qu’Afrique Education (www.afriqueeducation.com) avait annoncé pour le 6 décembre dans son Breaking News du 29 novembre. Alors que beaucoup de Gabonais redoutaient la venue de leur président en terre camerounaise, Oligui Nguema pourra leur dire que Yaoundé restera l’une de ses meilleures visites comme président de transition.
C’était le tout premier contact à ce niveau, le chef de l’Etat camerounais ayant connu Brice Oligui comme aide de camp du patriarche Ondimba. Il était capitaine de l’armée gabonaise. Mais Paul Biya a su mettre à l’aise son (très) jeune homologue encore en phase d’apprentissage …accéléré. Après son salut militaire (qu’il réserve uniquement aux chefs d’Etat) pour marquer son respect, il a enlevé sa grosse casquette de général de brigade, s’est un peu courbé pour faire l’accolade à son distingué aîné. Visiblement, le courant est bien passé. Il fallait maintenant passer aux choses sérieuses. Car c’est Ali Bongo Ondimba qui appelle Paul Biya « Papa » qui aurait, logiquement, dû venir à Yaoundé le remercier pour avoir été le tout premier chef d’Etat à féliciter sa réélection. Mais la vie ayant des secrets que la vie elle-même ignore, il s’est trouvé que c’est son ancien chef de la garde républicaine, qui a fait ce voyage. En tant que président de la transition. Que s’est-il donc passé ? Il fallait qu’il le dise au président camerounais.
Le général-président a tout expliqué, de vive-voix, à son grand aîné (respectueux) qui l’a écouté religieusement. Dans une courtoisie vaticane. Il lui a cependant posé quelques questions du reste embarrassantes sur l’ancienne première dame, Sylvia Bongo Ondimba (qui a fait la une de couverture du numéro 526 de novembre d’Afrique Education) et qui se trouve être une grande amie de la première dame du Cameroun, Chantal Biya. Sylvia Bongo Ondimba est enfermée à Sans Famille (Prison centrale de Libreville) depuis deux mois, accusée de beaucoup de maux dont de massifs détournements de fonds publics. Tout comme son fils Nourredine Bongo Valentin, ancien chef de la « Young Team », qui sévissait au Palais du Bord de Mer. L’homme de la rue demande le remboursement au trésor public des sommes volées. Le général-président ne l’a pas caché à son distingué aîné.
Dans un style du genre à tirer les vers du nez de quelqu’un, il aurait été demandé au jeune président gabonais ce qu’il pensait faire après la transition actuelle ?
Motus et bouche cousue ! On n’en saura rien de cette délicate interrogation. Le chef de l’Etat camerounais s’est fendu d’un laconique tweet d’une trentaine de mots pour annoncer une bonne visite de son homologue gabonais qui, de son côté, est resté tout aussi protocolaire. Deux gros muets !
L’audience a duré deux bonnes heures. Pas moins. On aurait dit deux vieux amis qui signaient leurs retrouvailles au Palais d’Etoudi. Le général-président n’a pas boudé son plaisir.
Il est venu avec un dossier sous le bras qu’il a transmis lui-même au président camerounais qui semble-t-il est très bien placé pour lui donner un coup de pouce pour plusieurs choses. Bien que le président camerounais n’apprécie pas beaucoup les coups d’état militaires (c’est une litote), nul doute qu’il aidera son jeune homologue qui en a besoin, le bien-être et la stabilité des Gabonais étant intimement liés au bien-être et à la stabilité des Camerounais, pas seulement, au niveau des 300 kilomètres de frontières que partagent les deux pays frères de Kye Ossi à Bitam.
Professeur Paul Tédga
(actuellement à Yaoundé).