En détention préventive à la prison centrale de Yaoundé (Nkondegui), depuis mars 2019, l’ancien directeur de cabinet de Paul Biya, ancien délégué général à la Sûreté nationale, ancien ministre de la Défense, puis, des Transports, Alain Mebe Ngo’o, surnommé le « vice-président » par ses détracteurs, vient d’être lourdement condamné par la justice. La décision du Tribunal criminel spécial (TCS) qui s’octroie les délits contre la fortune publique de plus de 50 millions de F CFA, est tombée, dans la nuit du 4 au 5 avril : 30 ans de prison ferme.
Il est accusé de blanchiment de capitaux, de surfacturation et de détournements de biens publics. Des griefs évalués à 23, 8 milliards de F CFA alors qu’ils étaient estimés à 196 milliards de F CFA, avant le jugement.
Le TCS a, aussi, condamné Maxime Mbangue et le colonel, Ghislain Mboutou, à des peines de 25 ans de prison ferme. « Les deux principaux coaccusés de l’ancien ministre de la Défense sont reconnus coupables par le collège des juges de complicité de détournement, complicité de corruption et blanchiment aggravé de capitaux ».
Ce verdict s’inscrit dans le cadre de l’Opération Epervier que le président camerounais avait lancée, il y a une vingtaine d’années, pour lutter contre les atteintes à la fortune publique. Résultat, en deux décennies, deux secrétaires généraux de la présidence, un premier ministre, un directeur de cabinet du président de la République et un grand nombre de ministres, de directeurs généraux et de hauts fonctionnaires se retrouvent, aujourd’hui, sous les barreaux.

Le cas d’Alain Mebe Ngo’o est, cependant, unique en son genre. C’est le seul ancien dignitaire qui se retrouve à Nkondegui avec sa femme, elle aussi, accusée de détournements de fonds. On les évalue à 5 milliards de F CFA. C’est dire qu’il s’agissait d’un sport national pour cette famille qui est proche du président Paul Biya. En effet, c’est sous son toit, alors qu’il était premier ministre, que Mebe Ngo’o avait terminé ses études supérieures, à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature, avant d’être nommé préfet. Il est donc considéré comme un « fils » du président qui, après plusieurs forfaits financiers, s’est vu contraint de l’envoyer en prison alors qu’il s’affichait de plus en plus comme son successeur, d’où son surnom de « vice-président ».