Glencore a fait des victimes au Cameroun. Ses cibles sont de choix : la Société nationale des hydrocarbures (SNH), la société la plus riche du pays et la Société nationale de raffinage (SONARA) du Cameroun. La multinationale anglo-suisse est accusée d’avoir versé des pots de vin qui se chiffrent en dizaines de millions de dollars pour maximiser leurs gains et minimiser ceux de l’Etat du Cameroun. Avec la complicité des Camerounais. Très en colère, les députés demandent la création d’une commission d’enquête à l’Assemblée nationale car pour eux, l’exécutif financé par la SNH ne peut pas exiger de cette dernière une enquête indépendante. De son côté, Transparency International Cameroon a mis les pieds dans le plat, en réclamant, immédiatement, une commission d’enquête pluri-acteurs. Elle compte travailler avec la justice américaine qui est derrière ces révélations.

Le géant anglo-suisse réputé dans le négoce des produits pétroliers a plaidé coupable des faits de corruption dans l’octroi des marchés dans certains pays en Afrique et en Amérique Latine. Au Cameroun, des rapports indiquent que des cadres de direction de la SNH et de la SONARA auraient perçus des pots-de-vins à hauteur de 7 milliards de FCFA.

Si le directeur général de la SNH a rejeté les accusations et demandé des preuves à la justice américaine, l’ONG Transparency International Cameroon est sortie de son silence. A l’occasion d’une conférence de presse, Me Njoh Manga Bell Henri, président du bureau camerounais de l’ONG, a appelé à la création d’une commission d’enquête pluri-acteurs permettant de faire la lumière sur ce scandale.

« Transparency International Cameroon joint sa voix à toutes celles des personnalités qui ont dénoncé cet acte criminel, pour demander la mise sur pied d’une commission d’enquête pluri-acteurs (Etat, Société civile, parlementaires, etc) afin que les responsabilités soient dégagées », a-t-il déclaré, invitant les entités étatiques telles que la CONAC, l’ANIF et la Chambre des comptes, engagées dans la lutte contre la corruption à faire toute la lumière sur cette affaire.

Depuis cette révélation, le gouvernement camerounais n’a officiellement pas réagi. Mais il s’agit d’une patate chaude d’autant que les deux sociétés sont controversées. La SONARA qui a connu un gros incendie, pas toujours élucidé, il y a trois ans, est à peine en phase de redémarrage de ses activités, après avoir bénéficié d’un soutien de la Russie dans sa reconstruction.

De son côté, la SNH, est accusée de ne pas être une société citoyenne par ses agissements anti-nationaux. Dans le temps, l’implantation des grandes entreprises d’Etat contribuait à développer la zone géographique de leur lieu d’implantation. C’est ainsi qu’on aurait pu penser que l’implantation de la SNH qui exploite du gaz, dans les faubourgs de Kribi, pouvait profiter à ses riverains. Que non ! La SNH n’aide personne. Par simple égoïsme. Elle combat même les entreprises de moindre importance qui, elles, veulent aider les populations. Par exemple, elle produit l’électricité à base du gaz qu’elle exporte mais qu’elle ne donne à personne dans sa zone de production. Les populations qui vivent dans ses alentours sont dans le noir total, ne disposent ni de routes, ni d’école, ni de centre de santé, ni rien venant de la SNH qui, rappelons-le, est la société la plus riche du Cameroun. Pire, cette dernière empêche même des sociétés qui se créent dans le même périmètre de faire acte de générosité à l’endroit des populations. Elle freine leur activité par sa puissance dolosive de plusieurs manières. On comprend dès lors que certains cadres de cette société ne respectent pas les valeurs d’humanisme et de solidarité que le président Paul Biya assigne aux grandes entreprises du Cameroun afin qu’elles viennent en complément de l’action de l’Etat. L’Etat au regard de ses moyens modestes ne peut pas, en effet, être partout pour répondre aux nombreuses attentes des populations.