L’arrivée de la colonisation au Cameroun a instauré de force les pratiques médicales d’ailleurs, généralement, occidentales. Alors que les Camerounais se soignaient, à l’aide des plantes, des écorces, des feuilles, et d’autres pratiques d’ordre mystique, les colons ont ordonné de jeter toutes ces pratiques dans la rivière et de se tourner vers leur seule médecine qu’ils importaient dans le pays, au travers des hôpitaux et des centres de santé. Mais l’habitude étant une seconde nature, les Camerounais n’ont guère abandonné leur médecine d’autant plus qu’elle est proche d’eux et peu chère, et surtout, elle est efficace. On l’a vu, par exemple, pendant le Covid-19 qui a décimé les populations dans les pays occidentaux dont la médecine est dite avancée alors qu’en Afrique, les pratiques traditionnelles ont permis d’éviter le pire. Du coup, on s’est posé la question de savoir pourquoi on peut marginaliser (délaisser parfois) une médecine qui remplit pleinement ses fonctions.
Il existe bien une médecine conventionnelle (occidentale ou moderne), une médecine chinoise, une médecine indienne, etc. Le Cameroun, lui, dans ce premier texte, se borne à parler de « médecine traditionnelle ». On comprendra pour aller vite qu’il s’agit des prémices d’une médecine dite camerounaise, qui, maintenant, connait sa première réglementation.
La loi n° 2024/018 portant exercice et organisation de la médecine traditionnelle au Cameroun, a, donc, été votée à l’Assemblée nationale et le président de la République l’a promulguée en date du 23 décembre 2024.
Cette loi vise à promouvoir le développement de la médecine traditionnelle comme modalité d’accès des populations aux soins de santé. A ce titre, elle aménage l’approche de la médecine traditionnelle, fixe les droits et devoirs des tradipraticiens de santé, encadre la régulation de l’exercice de la médecine traditionnelle, institue une instance en charge du développement de la médecine traditionnelle. L’article 2 de cette loi dit que « La médecine traditionnelle fait partie intégrante du système de santé camerounais, et contribue à l’accès universel aux soins et services de santé de qualité ».
Dans le cadre de l’exercice traditionnelle, tout tradipraticien de santé est tenu d’agir en toute circonstance pour préserver la sécurité du patient, la dignité et la vie humaine, de mener ses activités en respectant l’éthique, la déontologie dans l’exercice et les bonnes pratiques en la matière, de s’abstenir de commettre tout acte immoral et contraire à l’éthique de sa profession (Article 7).
L’article 10 énonce que « L’exercice de la médecine traditionnelle porte sur un nombre précis de pathologies à traiter et/ou d’actes à réaliser dans l’unité de soins du tradipraticien de santé ou en fonction des compétences disponibles dans le centre de médecine traditionnelle. Il en va de même de l’extension dudit exercice à d’autres pathologies ou actes à réaliser ».
Si les tradipraticiens de santé sont civilement et pénalement responsables pour tous les actes qu’ils posent (article 15), ils bénéficient du même régime de protection que les autres professionnels de santé, conformément à la réglementaton en vigueur (article 14).
La loi compte 44 articles et se veut assez complète pour permettre à la médecine traditionnelle (camerounaise) de sortir de la clandestinité, de la non-reconnaissance, voire, du forcing. Il reste à créer une direction de la médecine traditionnelle (camerounaise) au niveau du ministère de la Santé, ainsi qu’une unité de recherche qui lui soit dédiée au niveau du ministère de la Recherche.
La loi, cependant, met les traditionnalistes qui exercent dans les villages (et guérissent les maladies), les commerçants véreux qui s’adonnent à cette activité dans les villes pour soulager les douleurs moyennant paiement et qui n’ont en réalité aucune notion de médecine traditionnelle alors qu’ils se disent médecins, et les vrais médecins sortis des facultés de médecine au Cameroun, en Afrique et dans le monde et qui choisissent de soigner les malades à l’aide des plantes, des écorces et des racines dont ils assurent eux-mêmes la composition, au même pied d’égalité. Ils ont fait la médecine dite moderne ou conventionnelle, ont les mêmes connaissances, mais désapprouvent les pratiques de cette médecine qui a aussi beaucoup d’effets secondaires nocifs. On sait par exemple que les médicaments vendus en pharmacie relèvent des compositions chimiques, de molécules de synthèse avec des effets secondaires incontestés. Ceux de la médecine traditionnelle (camerounaise) à base des racines, des feuilles et des plantes sont contenus avec l’avantage qu’il s’agit du naturel, ce que la nature offre de meilleur et laisse la possibilité d’en faire ce qu’on veut.
Il faudrait donc que le législateur aille plus loin en faisant la distinction entre les traditipraticiens et les médecins sortis des facultés de médecine qui s’adonnent à la même pratique sans avoir bénéficié de la même formation.
Il est tout à fait juste que les pathologies comme l’hypertension, le diabète, etc sont guéris par cette médecine alors que la médecine moderne vous gave des traitements à vie. De la même manière, pour soigner les cancers par exemple, les médécins traditionnels camerounais n’ont pas besoin d’user de la chimiothérapie mais ils ont leur technique de régénération des cellules qui aboutit à la guérison sans provoquer d’autres dégâts dans l’organisme. C’est ainsi que le VIH, par exemple, est traité sans difficulté tout comme le Covid-19 qui n’a été qu’une petite curiosité pour ces médecins africains. Il faut leur donner des moyens importants pour qu’on parle de médecine camerounaise comme on parle de médecine chinoise, indienne, et autres.