Si en 40 ans de présence à la tête du Cameroun, le président, Paul Biya, est accusé de n’avoir rien fait sur le plan économique et des infrastructures routières, notamment, même ses détracteurs lui reconnaissent d’avoir bâti une armée digne de ce nom et capable de défendre, efficacement, les couleurs du pays.

La 51e édition de la fête de l’Unité a donné l’occasion aux Forces armées camerounaises de présenter une armée dans toute sa splendeur et toute son excellence. En voyant ces braves soldats marquer le pas, parfois, à la nord-coréenne, on sait pourquoi la triple attaque concertée n’a rien donné dans le NOSO (Nord-Ouest/Sud-Ouest) anglophone où les séparatistes ambazoniens camerounais font la guerre à l’armée régulière, dans l’Extrême-Nord où la secte Boko Haram a échoué pour installer son califat comme c’était son ambition du début, et malgré les multiples incursions des rebelles du Centrafrique qui pensaient profiter de la sous-population dans la région de l’Est pour y faire la pluie et le beau temps. Pas un centimètre carré de la superficie du Cameroun n’échappe à l’autorité de l’Etat. Grâce à l’armée camerounaise.

Quand on a vu cette armée défiler ce 20 mai 2023, on n’a peur d’aucune attaque extérieure. D’où qu’elle vienne. Le Cameroun n’est lié militairement avec aucun pays. Mais Yaoundé est avec tout le monde. C’est ainsi que le Cameroun coopère, aussi bien, avec les Etats-Unis, qu’avec la Russie. Un important contrat de coopération militaire et de renseignement assez dense et complet, avait été signé avec elle, en avril 2022, lors d’un discret (ni vu ni entendu) déplacement du ministre camerounais de la Défense, Joseph Beti Assomo, à Moscou.

Le Cameroun garde, aussi, de très bonnes relations militaires avec la France mais il ne dépend plus d’elle pour ses questions de sécurité, comme avant, tout comme il coopère, militairement, avec la Turquie, la Chine et la Grande Bretagne. Autre preuve de son indépendance dans le domaine militaire : c’est l’Etat d’Israël qui a façonné le BIR (Bataillon d’intervention rapide), l’unité la plus redoutable de l’armée camerounaise. C’est toujours l’Etat hébreu qui entraîne la fameuse Garde présidentielle (GP) qui est, elle aussi, une unité très forte de l’armée camerounaise. Le BIR et la GP ne sont envoyés au front qu’après avoir constaté que l’armée régulière est dépassée par les événements. Et généralement, ils ont toujours le dernier mot. On l’a vu dans l’Extrême-Nord avec Boko Haram (qui est réduit aujourd’hui à un niveau de banditisme, sa force opérationnelle ayant été nettement amoindrie), mais aussi, à l’Est et dans le NOSO.

Autant dire que le Cameroun n’est lié avec personne et coopère avec tous les pays de bonne volonté. Les soldats qui ont épaté le public pendant le défilé de ce 20 mai sont, au niveau de l’encadrement comme des troupes, le produit des écoles militaires camerounaises. Certaines d’entre elles accueillent une vingtaine de nationalités comme l’EIFORCES et l’EMIA.

Invitée spéciale de cette 51e édition, l’armée égyptienne, qui, avec ses 450.000 hommes, est la plus solide du monde arabe. Elle a ouvert le défilé avec une épatante musique militaire qu’accompagnait un jongleur tel qu’on n’en forme pas encore dans les écoles militaires camerounaises. Du grand art ! Les Egyptiens sont allés jusqu’à interpréter des musiques camerounaises comme le zangalewa (hymne de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud), mais aussi, le soul makossa de Manu Dibango, qui fut terrassé par le covid en France en 2020 et qu’on pleure encore au Cameroun.

La fête était belle. Toutefois, il y a lieu de signaler que les Américains ont montré leur désaccord que les ports du Cameroun accueillent des bateaux russes. Ont-ils à s’ingérer dans les affaires intérieures du très souverain Etat du Cameroun ? Ils multiplient ce genre de remontrances, à l’endroit d’autres pays comme le Mozambique, l’Afrique du Sud, etc. Les Américains ne dirigent pas le monde. Joe Biden n’est que le président des Etats-Unis et non celui de la terre entière, bien que son pays compte 600 bases militaires sur les cinq continents. Cette situation ne lui donne pas des droits particuliers d’autant que ces bases préservent les seuls intérêts américains, intérêts qu’on a vus à l’oeuvre en Irak et en Libye, deux pays qu’ils ont, totalement, détruits, mais aussi, en Afghanistan, en Yougoslavie, au Kosovo, en Bosnie, et ailleurs. Ils n’ont donc aucune leçon à donner. Que Joe Biden (qui a atteint l’âge de la sagesse avec ses 80 ans) sache retenir ses instincts impérialistes. Ses problèmes avec Vladimir Poutine ne regardent que lui. Il n’a pas à mêler le Cameroun dans son conflit avec ce pays qui, du reste, est un grand ami du Cameroun comme le sont aussi les Etats-Unis. Si les Etats-Unis continuent de déborder de cette façon aussi grossière en cherchant à malmener les intérêts stratégiques du Cameroun, ils auront à faire avec l’opinion camerounaise au travers des réseaux sociaux, qui ne laissera pas faire.